«Les institutions de l'Etat veillent aux côtés des collectivités locales à améliorer les conditions de vie des citoyens» C'est pratiquement la deuxième fois que le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, visite les villes sinistrées en l'espace d'une semaine. Son itinéraire l'a conduit, hier, à s'enquérir des conditions de vie des sinistrés de Boudouaou, Boumerdès et Zemmouri. Flanqué du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, du ministre de la Santé, Abdelhamid Aberkane et des autorités locales, c'est en fait «une tournée d'inspection» que le Président a entamée, en ayant bien en vue que plus le temps passe plus l'impatience des familles risque de tourner à la protestation sociale. La première escale de la tournée présidentielle a débuté par une visite à la Protection civile de Boumerdès, corps de sécurité et d'intervention qui a mobilisé 1674 agents et presque toutes les ressources matérielles des wilayas limitrophes. Un hommage particulier a été adressé aux autres corps de sécurité, gendarmerie et police, qui ont engagé une véritable course contre la montre pour sécuriser biens et personnes. Selon des chiffres donnés hier au Président de la République, «19.000 tentes ont été installées dans la wilaya de Boumerdès, et qui ont permis le recasement de 7789 familles», selon le responsable du poste de commandement opérationnel de l'unité principale de la Protection civile. Durant cette visite, il nous a été aussi donné d'apprendre que les équipes algériennes de recherche ont pu, durant ces derniers jours, retirer vivantes des décombres 1532 personnes, dans la seule wilaya, de Boumerdès, alors que les équipes étrangères ont réussi, dès leur arrivée, à en sauver au moins 14. Dans le camp de toile pour sinistrés installés à Boudouaou, le Président de la République a fait face à un véritable raz de marée de citoyens inquiets, mécontents ou carrément contestataires. Le même parcours le conduira, en dernier lieu, au camp de toile de Zemmouri, le «130», localité la plus touchée par le tremblement de terre. A toutes ces personnes, le Président de la République s'est voulu rassurant. «Les institutions de l'Etat veillent aux côtés des collectivités locales à améliorer les conditions de vie des citoyens», a-t-il dit, appelant aussi les sinistrés à s'armer de patience «parce qu'un travail de cette envergure requiert beaucoup de temps». «Il vous faut vous armer de patience, de courage et de foi», a-t-il répété à plusieurs reprises et «je vous promets que les conditions de vie de tous seront améliorées dans les jours à venir». Tout en rappelant que des «mesures nécessaires ont été prises et que des experts du CTC procèdent à l'expertise des habitations endommagées sur le terrain», le Président a évité de pointer du doigt les constructeurs: «Les propos concernant les malfaçons dans les constructions sont exagérés et les habitations qui se sont effondrées ne sont pas nécessairement construites en infraction aux normes de construction.» Un grand hommage a été rendu aux jeunes volontaires qui sont venus prêter main forte aux sinistrés, ainsi qu'aux pays étrangers «pour leur soutien et leur élan de solidarité qui ont contribué à atténuer les souffrances des Algériens». Voilà en gros les grandes lignes de son itinéraire d'hier, mais il est tout à fait clair que le Président de la République sait qu'il est sur le fil du rasoir. A chaque instant, la colère des sinistrés peut prendre de formes de turbulences sociales, et il sait qu'il doit, à tout moment, et au millimètre près, suivre et voir de visu l'évolution de la situation catastrophique dans laquelle vivent plusieurs milliers de familles d'Alger et de Boumerdès. Une situation de précarité extrême avant les grandes chaleurs de l'été, et qui risque, au moindre retard constaté, de prendre des tournures dangereuses.