En attendant qu'on statue sur leur cas, ils ont décidé d'occuper la rue et les écoles. «Nous sommes des sinistrés.» Ce graffiti est sur les murs d'un immeuble qui menace d'effondrement au niveau de la rue Hassiba-Ben-Bouali. Les propriétaires ont fui la bâtisse pour aller se réfugier à l'école Makhlouk-Zénati, sise à Belcourt, rejoints par d'autres sinistrés du quartier. Ces derniers ne comprennent pas pourquoi les autorités locales continuent à leur tourner le dos. «Nous saisissons très bien l'ampleur de la catastrophe, nous savons que la wilaya de Boumerdès est la plus touchée, mais nous aussi nous sommes des sinistrés, nous voulons juste qu'on nous accorde ce statut pour espérer bénéficier de nos droits», nous déclare cette septuagénaire. L'APC de Sidi M'hamed comme celles de Raïs Hamidou, de Bab El-Oued ou de Ruisseau ne sont pas déclarées zones sinistrées, en dépit des dégâts occasionnés par le séisme de mercredi dernier. Cette situation inquiète les citoyens à plus d'un titre. En attendant qu'on statue sur leur cas, ils ont décidé d'occuper la rue ou les écoles. «Je ne rentrerai pas chez moi même si les experts me confirment que le bâtiment ne court aucun risque», nous lance cette vieille qui habite au Ruisseau. Selon notre source, les services du CTC ont conseillé aux habitants de l'immeuble de l'évacuer depuis 1988. A Bab El-Oued, les habitants des quartiers Boualem-Médjak, colonel Mira, Mohamed-Aït-Amer, dont les habitations se sont partiellement effondrées ont dressé des tentes de fortune, d'autres ont squatté l'école Saïd-Touati. Une liste est ouverte au niveau de l'APC pour recenser les familles sinistrées, mais les citoyens ne croient plus aux promesses des autorités locales. Les quartiers touchés à Bab El-Oued avaient fait l'objet d'expertise après les inondations du 10 novembre 2001. Selon le rapport établi à l'époque par les services du contrôle «ces bâtisses devaient être démolies», nous dira un citoyen. Interrogé par nos soins, le vice-président de l'APC de Bab El-Oued nous a déclaré: «Vous savez très bien qu'en Algérie nous avons des problèmes de logement et de travail.» Les sinistrés de Raïs Hamidou, essentiellement ceux de la cité Amekhlaf-Lounis bâtie sur des rochers, mettent en garde les autorités locales contre une catastrophe qui risque de se produire si elles n'interviennent pas en urgence pour reloger les familles sinistrées «Nous voulons savoir jusqu'à quand allons nous rester sous des tentes», nous dira un père de famille sinistré de la bâtisse numéro 40 de la rue Rouchaï-Boualem...Les 23 locataires ont été évacués vers l'école Tahar-Boudoua, en attendant leur recasement sous des tentes. Ces familles sont livrées à leur sort. Les aides arrivent aux compte-gouttes. «Hier les gens du Croissant-Rouge nous ont distribué une boîte de sardine à 23h c'était notre déjeuner. Où sont passés les dons envoyés des quatre coins de la planète» nous dira notre interlocuteur. L'infiltration de faux sinistrés complique davantage la situation dans l'Algérois. Partout sur les sites que nous avons visités, on nous signale la présence «d'intrus profitant du drame qui a secoué le pays pour s'introduire parmi les sinistrés».