En attendant qu'on statue sur leur sort, ces familles ont décidé d'occuper l'école. «Avant les élections, le peuple est roi, après on oublie même son existence.» Ce cri est celui d'une septuagénaire combattante de la Guerre de Libération. Elle est sinistrée avec sa famille. Tout le monde a trouvé refuge, au lendemain du séisme, à l'école El-Iqbal, sise à Hussein Dey, en attendant que les services du CTC statuent sur l'état de leur maison, située rue Abdelkader-Ragouba. «On nous a demandé d'évacuer les lieux, en attendant le rapport final», nous précise son fils. Et d'ajouter: «Coûte que coûte, nous ne retournerons pas chez nous nous ne voulons pas mourir.» La vieille a insisté pour que nous la raccompagnons chez elle afin de constater de visu le danger qui menace. Quelques familles, habitant le même quartier, ont profité de l'occasion pour nous faire visiter leur maison «menacée d'effondrement». «Le jour où la maison s'écroulera sur nos têtes, l'on dira Allah ghaleb, c'est une catastrophe naturelle, c'est la volonté de Dieu. On racontera n'importe quoi au peuple, mais moi je dis aujourd'hui que c'est l'homme qui est le premier responsable de cette catastrophe», atteste khalti Aïcha. Cette famille sinistrée du séisme de 1989 est sur la liste des bénéficiaires de logements sociaux. Elle aurait dû rejoindre sa nouvelle maison, le 2 juin dernier. «Le chef de daïra nous a dit que tout est bloqué, et que la priorité sera donnée aux sinistrés de Boumerdès.» Au niveau de l'école El-Iqbal où sont évacués les sinistrés de Boumerdès, il règne un sentiment de colère et de désarroi, et, pour cause, les familles dénoncent l'injustice dans la distribution des tentes. Hier, il a été procédé à l'évacuation du premier groupe vers le camp de Leveilley. «Des personnes ont squatté des maisons abandonnées, et nous, les vrais sinistrés, on nous refuse même une tente. Sommes-nous des Algériens oui ou non?», lance un père de famille. Le chef de daïra, selon les déclarations des sinistrés, refuse de «nous accueillir, le maire s'en lave les mains. En attendant, c'est nous qui payons les frais de la mauvaise gestion», ajoute un autre. L'on note enfin qu'au niveau de l'école El-Iqbal, plusieurs personnes refusent de rejoindre leur domicile, et ce, en dépit des constats positifs du CTC. «Je suis sûr que la maison va s'effondrer d'un moment à l'autre. Le CTC nous ment pour minimiser le nombre de sinistrés», pense l'un des membres d'une famille. En attendant qu'on statue sur leur sort, ces familles sont décidées à occuper l'école, elle aussi, sérieusement touchée par le séisme. Nous avons essayé de contacter le wali délégué d'Hussein Dey, en vain. «Il est en réunion de travail», c'est ce qui nous a été répondu au niveau de la daïra.