La rencontre a eu lieu à l'hôtel El-Aurassi, en présence de la grande majorité des députés de cette formation. Cette journée parlementaire avait déjà été reportée une première fois à cause du séisme qui a frappé la région d'Alger et la wilaya de Boumerdès. Onze jours après la secousse, les élus du parti du Front de libération se devaient de se réunir hier avant d'entrer en session. Une session particulière marquée, hélas, par le choc et les effets du tremblement de terre. Une session dont l'ordre du jour sera sûrement consistant, mais sur lequel continueront de planer les effets de la catastrophe puisque y figurent en bonne place le programme du nouveau gouvernement et le projet d'une loi de finances complémentaire en toute apparence liée aux circonstances dramatiques que vit l'Algérie. La rencontre a eu lieu à l'hôtel El-Aurassi, en présence de la grande majorité des députés du FLN, à l'exception des malades absents et d'une poignée d'atrabilaires qui se sont automarginalisés, nous a confié un député amoureux de la facétie. Il y avait là, bien sûr, les ministres FLN encore au gouvernement, certains mem- bres du bureau politique, M.Karim Younès, président de l'APN et, bien entendu, le secrétaire général du FLN, M. Ali Benflis. Une remarque cependant: cette rencontre n'a pas été médiatisée alors que le FLN, plus que d'autres partis, n'a pas cessé, ces dernières années, de nous parler de transparence. Pour autant la discussion autour des thèmes inscrits à l'ordre du jour et malgré le huis clos, a, encore une fois, démontré qu'au sein du FLN les débats ne sont pas univoques, bien au contraire. Nous n'y avons pas assisté, mais grâce à certaines sources, nous pouvons affirmer que notre devoir d'informer n'a pas été lésé. En effet, influencées par le drame généré par le tremblement de terre de mercredi dernier, les interventions au sein de cette journée parlementaire ont toutes évoqué le sinistre sans toutefois faire l'impasse sur les récents propos du Président de la République quand il a déclaré, ex cathedra avant-hier: «Vous ne passerez pas l'hiver dehors», en s'adressant aux sinistrés dont la plupart ne possèdent plus rien, encore moins une radio ou une télévision. Roulant sans discontinuer depuis l'ouverture des travaux vers 9h 30, hier matin, les orateurs ont soulevé d'autres problèmes. Des problèmes qui font du FLN un parti majoritaire à l'APN et une formation minoritaire au gouvernement. Elus et responsables d'instances voudraient bien, à ce propos, qu'on leur explique pourquoi on a administré à leur parti une telle astringence. Ce n'est pas tout. Dès lors, nous a déclaré notre source, que les partis politiques ont été interdits d'accès pour faire de l'humanitaire sur les lieux du sinistre, pourquoi a-t-on engagé un bras de force avec le parti majoritaire en interdisant à ses représentants dans la coalition gouvernementale de se déplacer, puisque le pouvoir tire sa légitimité du FLN en partie au moins pour adopter ses lois? Est-ce parce qu'en haut lieu, on craint que même ligoté de tous ses membres, le FLN risque quand même de se faire de nouvelles ouailles par le truchement de ses ministres dans leurs déplacements tant il a le vent en poupe? Digne de foi, notre source rapporte que certains orateurs ont même omis de mettre des gants pour déclarer que, prenant prétexte du tremblement de terre, le pouvoir se comporte avec le FLN comme s'il avait barre sur ses instances. Est-ce pour contredire son caractère autonome et le refus d'être enferré sous l'empire d'une quelconque tutelle? Les instances du parti doivent, de toutes les manières, trancher cette délicate question avant le prochain congrès extraordinaire, nous a encore confié notre source.