Au milieu des face-à-face contradictoires, les citoyens voient là une réelle volonté d'aller vers une solution. La volonté exprimée par le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, de recourir au dialogue dans la crise qui secoue la Kabylie depuis plus de deux ans, ne semble pas emballer les animateurs de la coordination de la wilaya de Bouira, longtemps sujette à des scissions internes. Aucune réaction officielle n'est adoptée, tant qu'un conclave n'aura pas statué sur la proposition. Ce qui ajoute de l'appréhension, quant à une suite favorable aux déclarations du chef de l'Exécutif, reste le fait qu'hier, deux délégués de la wilaya, en l'occurrence Bouchelkia Mahmoud d'El Esnam et Arezki Oulmi d'Ath Laaziz étaient présentés devant le juge dans le cadre de l'instruction ouverte à leur encontre, après les derniers événements qu'a connus la wilaya. Un animateur de la CC M'chedallah qui reste la coordination la plus active et la seule à avoir empêché les élections dans sa daïra, pense que le pas du Chef du gouvernement est appréciable, mais insuffisant. Avant de recourir au dialogue, il est plus que nécessaire de libérer d'abord tous les animateurs emprisonnés pour un délit d'opinion. Dans son offre, le Chef du gouvernement ne définit pas le contexte du dialogue. Si ce dernier se fait dans le cadre de l'application sans exclusive de la plate-forme d'El-Kseur, les ârchs sont partants. Si cette dernière n'est pas prise en compte, ils seront contre toute forme de débat. Si du côté de M'chedallah, on n'anticipe pas l'application du document, une aile plus proche du RCD, elle, conditionne toute démarche à l'application d'abord. Radicale depuis le début des événements, cette tendance minoritaire au sein de la coordination, qualifie l'appel de non-événement et manifeste un manque de confiance à l'égard du Chef du gouvernement. Les délégués exclus pour non-respect du code d'honneur, accusés d'avoir amorcé le dialogue en coulisses, eux, voient dans cette opportunité une issue à une crise qui a lourdement sanctionné la région. Les communes dépourvues d'assemblées communales en sont un exemple concret. Au milieu de ces face-à-face contradictoires, les citoyens voient là une réelle volonté d'aller vers une solution. Même si elle ne partage pas les positions des délégués, la population juge la proposition insuffisante. Le pouvoir doit faire un geste en libérant les détenus, appliquer les directives du Président quant à l'indemnisation des familles de victimes, pour ensuite inviter à la table les différentes parties antagonistes. Les procédures d'amorce de ce dialogue sont aussi un souci. Ne verra-t-on pas revenir sur la scène ces gens qui s'étaient autoproclamés représentants et qu'on étiquettera de ârchs taiwan?