Le principe semble faire son chemin parmi les délégués du mouvement citoyen. La position définitive de la coordination interwilayas par rapport au règlement de la crise en Kabylie par la voie du dialogue sera vraisemblablement connue au plus tard aujourd'hui, au terme du conclave ouvert depuis hier, à Tigzirt (Tizi Ouzou). Les débats contradictoires qui ont caractérisé les réunions de préparation de cet important rendez-vous présagent d'un débat laborieux qui débouchera forcément sur une position commune. Le principe du dialogue avec les autorités semble faire son chemin parmi les délégués du mouvement citoyen. Son inscription sous diverses formes à l'ordre du jour des derniers conclaves témoigne suffisamment de la prédisposition d'une partie, de plus en plus importante, des animateurs à un règlement pacifique de la crise en Kabylie. L'ouverture des autorités au dialogue, clairement affichée par le Chef du gouvernement et la demande davantage de volonté exprimée par les détenus du mouvement citoyen en prenant acte de l'offre de Benflis, sont autant de signes annonciateurs d'une issue rapide et pacifique à la crise qui secoue la Kabylie depuis plus d'une année. En attendant, les deux principales coordinations, la CIC Béjaïa et la Cadc Tizi Ouzou ont, depuis quelques jours, développé un discours, dont le moins qu'on puisse dire, dénote une réelle volonté d'aller vers une issue à la crise par la voie du dialogue. Une volonté qui reste, toutefois, tributaire du binôme discordant radicaux et partisans de la voie politique. Ces derniers ont réussi, vaille que vaille, non seulement à bloquer les actions radicales proposées avec insistance par certains animateurs, mais aussi à imposer le principe de la concertation avec les partenaires sociaux et politiques. Les résolutions du dernier conclave de la CICB à Tifra illustrent amplement cette bipolarité qui mine cette structure. Le débat franc et riche sur les perspectives d'actions, dont le dialogue avec le pouvoir, a fini par déboucher sur plusieurs propositions qui satisfont les deux tendances. Contre la radicalisation caractérisée par l'option pour une marche nationale à Alger le 5 juillet prochain et la proposition d'un ultimatum au pouvoir, il est opposé l'installation d'une commission de réflexion sur les perspectives politiques et une lettre de réponse aux détenus concernant le dialogue. De tout cela, une chose est sûre: l'amorce d'un dialogue entre le pouvoir et le mouvement citoyen n'est pas à écarter dans les jours à venir pour peu qu'un geste marquant la bonne volonté du président en direction des détenus ne se fasse jour. Le maintien en détention des détenus du mouvement citoyen paraît, a priori, le seul obstacle. L'élimination de cet obstacle pourrait intervenir à l'occasion du 40e anniversaire de l'Indépendance. La libération des détenus et l'arrêt des poursuites judiciaires pourraient inéluctablement constituer le déclic chez les réticents. En attendant, c'est la discorde entre les délégués qui est fortement redoutée. Celle-ci pourrait, en effet, prendre forme entre les tenants de la radicalisation et les partisans de la voie politique. Les divergences de vue étant si profondes, le consensus, maintenu vaille que vaille, depuis le début de la structuration, risque de prendre un coup sérieux. A moins que des mesures ne viennent couper l'herbe sous les pieds des tenants du radicalisme alimenté par les forces qui n'ont aucun intérêt à ce que les choses évoluent dans le sens de sortie de crise de Kabylie.