Les délégués privilégient la solution de l'accord global au lieu d'une approche point par point de la plate-forme d'El Kseur. Le dialogue gouvernement-archs a repris hier à 18 heures, après une journée de concertation interne au sein de la délégation de l'interwilayas. S'étant poursuivis jusqu'à 22 heures avant-hier, les pourparlers ont été suspendus surtout par le fait de la fatigue, indiquent des sources proches des «dialoguistes» qui relèvent le climat serein dans lequel s'est déroulé le dialogue durant les 11 heures de conclave qui a réuni Ouyahia et la délégation des archs. Durant tout ce temps, les deux parties ont essentiellement axé leurs discussions sur les 6 incidences «actualisées», relèvent nos sources, qui assurent que côté gouvernement, il existe une réelle volonté de dépasser l'écueil des préalables et passer «aux choses sérieuses». Aussi, sur le principe, l'acceptation des incidences est acquise, avec la différence que le chef du gouvernement conditionne leur satisfaction par la poursuite du dialogue. Aussi, la révocation des «indus élus», la libération des détenus et la défiscalisation des commerçants, des questions encore pendantes, interviendraient au fur et à mesure qu'avancera la mise oeuvre de la plate-forme et, surtout, sont fonction de la bonne volonté des archs à maintenir un contact régulier avec le gouvernement. En d'autres termes, Ahmed Ouyahia exige des garanties de la part des archs dans le sens où il ne consent à lâcher du lest sur ce point qu'à la seule condition que ses vis-à-vis acceptent d'entrer dans le vif du sujet. A ce propos, nos sources confient que le chef du gouvernement a déclaré aux dialoguistes: «L'Etat va vous surprendre par ses propositions». Une façon de dire que le gouvernement est bien décidé à régler une bonne fois pour toutes la crise de Kabylie. La phrase d'Ouyahia est positivement perçue par les 19 délégués qui y voient une détermination à un passage à l'acte effectif de la part de l'Etat algérien sur l'ensemble des points contenus dans la plate-forme d'El Kseur. Cette avancée notable dans le dialogue amène les «dialoguistes» à privilégier la solution de l'accord global au lieu d'une approche point par point de ladite plate-forme. Une telle démarche sous-entend la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur, notamment le point 8 relatif à l'officialisation de Tamazight sans référendum ni condition. En fait de mise en oeuvre justement, nos sources indiquent que la revendication ayant trait au retrait de toutes les brigades de gendarmerie de Kabylie peut constituer un problème mais on avance que cela ne peut être motif à suspendre le dialogue. En tout état de cause, Ouyahia qui donnait aux délégués une nette impression de vouloir aplanir tous les différends, a évoqué le volet du développement de la région qui, faut-il le rappeler, constitue l'une des revendications du mouvement citoyen. Il a fait référence au conseil des ministres du 23 août 2003. Ce dernier a abordé les projets de développement en faveur de Tizi-Ouzou, Béjaïa et Bouira, à l'instar des autres wilayas, avec en sus, une enveloppe budgétaire conséquente. Lors de ce même conseil, le président de la République a souligné que «l'ampleur de l'enveloppe financière qui est consacrée au profit des wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaïa et Bouira est l'illustration parfaite d'une volonté politique de corriger les retards enregistrés au cours des deux dernières années, de relancer les travaux d'infrastructures et les activités économiques, sociales et culturelles génératrices d'emplois et de richesses et de donner une forte impulsion aux actions d'amélioration des conditions de vie des citoyens.» En évoquant cet épisode de la vie institutionnelle du pays, le chef du gouvernement veut sans doute appuyer la conviction de l'Etat à dépasser effectivement la crise qui secoue cette région du pays. Enfin, selon les mêmes sources, il est fort probable que l'accord global intervienne très rapidement. On estime même qu'il devrait être signé à l'issue de la rencontre d'hier. A l'heure où nous mettons sous presse, les deux parties étaient encore en pourparlers. Nous y reviendrons.