L'opération distribution, entourée d'un arsenal de règles minutieusement réfléchies, ne laisse aucune alternative à un détournement programmé. «Des milliers de tonnes d'aliments et de matériels logistiques sont arrivés sur notre sol. L'aide internationale a été conséquente depuis que l'information a été répercutée sur les ondes», affirme ce «magasinier» au dépôt des Pins- Maritimes. «On tente, au fil des jours, de raffiner le circuit de distribution pour éliminer tout détournement par certains énergumènes qui profitent de la détresse de leur prochain pour s'enrichir», enchaîne ce responsable dépêché sur place par le ministère de l'Intérieur. Ainsi pour échapper à l'anarchie qui a caractérisé les phases vécues lors des précédentes catastrophes, on essaie d'être plus rationnel sur le terrain de la répartition des biens. A Zemmouri, premier camp de toile visité, on veille à tout. Les agents du Croissant-Rouge, aidés par des personnes bénévoles, veillent au grain. A tous les «foyers», après un recensement juste et sans équivoque, les dons étrangers reçus sont répartis avec justesse. Aucune parcimonie n'est venue déranger les règles établies à l'avance. Toute personne sinistrée obtient son lot de nourriture parvenue de l'extérieur. On nous signale que des détournements ont eu lieu. Une visite aux marchés limitrophes nous indiquera que ces dons se retrouvent sur les étals des revendeurs à la sauvette. Notre constat n'est que pure imagination de certaines personnes assoiffées de la rumeur. «On fabule», nous lance ce jeune scout. Poissons congelés, divers fromages, fruits de toutes saisons, marmelades, lait, eau... autant d'aliments nutritifs sont distribués chaque jour aux familles sinistrées. Ces dernières n'ont pas oublié leurs réflexes d'emmagasiner et de stocker et demandent toujours plus. On oublie vite qu'on est sinistré et qu'il faut nourrir des milliers de bouches. Pour une fois, la répartition des dons trouve le chemin idéal. Bien sûr, les reproches sont légion, mais le circuit installé pour l'occasion est tellement bien «huilé» qu'aucune perte en cours de route n'est permise. En effet, depuis ce 21 mai, les yeux sont braqués sur cette aide internationale. Les séismes de Chlef, de Aïn Témouchent, de Mascara...ont laissé des séquelles dans la mémoire des sinistrés, tellement l'inégalité, l'iniquité et surtout les détournements des dons ont été manifestes? Les choses ont changé aujourd'hui, et ce, grâce à la vigilance du gouvernement. Il et vrai que quelques boîtes de conserve prennent «la clé des champs», mais toute personne prise en flagrant délit est passible d'un jugement. A Reghaïa, à Boudouaou, à Corso...toutes ces zones fortement ébranlées par la secousse, la nourriture arrive à bon port. Les efforts louables fournis par les services installés et chargés de ces tâches travaillent aisément. Les sinistrés sont unanimes et remercient les pouvoirs publics d'avoir réagi à temps pour écarter «ces charognards» de tout bord. L'autre volet touche ces «fameuses» tentes reçues. Sur le terrain, ces abris de couleurs blanches, bleues et grises...côtoient celles fournies par l'ANP. Ces dernières sont kaki. Mais, cette multitude de coloris renseigne à plus d'un titre que les camps «provisoires de transit» ont reçu leur part de ce matériel stratégique. Personne aux camps visités n'a eu à montrer du doigt les responsables qu'ils félicitent de toute l'aide acheminée. «Il ne faut pas commettre les erreurs du passé. Il faut une certaine lucidité dans chaque opération entreprise. Il faut être responsable du devoir à accomplir. La tâche est dure, mais non insurmontable», nous confie cet officier de l'ANP. En effet, à quoi sert-il d'utiliser la force quand d'autres moyens existent? La pratique a beaucoup aidé cet Algérien mis devant ses responsabilités pour supplanter toute anarchie. La réalité sur le terrain montre, encore une fois, que la situation est maîtrisée et que demain, on entrera dans la phase active de reloger tout le monde entre quatre murs en dur. L'Algérie d'hier et d'aujourd'hui a l'habitude des séismes, mais si, il y a deux décennies, elle n'avait pas appris à les gérer et où on accusait tout le monde d'en être responsable, aujourd'hui, elle arrive à joindre le geste à la parole. Une rupture vient de se déclarer dans la façon de penser. L'Etat qui a initié la corruption a laissé la gangrène se développer. Il est temps de mettre un point final à cette gabegie. Encore une fois, louons toutes les décisions prises pour la distribution des dons. Aucune incartade ne sera tolérée.