l'Algérie est sommée de libéraliser les prix des produits énergétiques sur le marché intérieur. Sans tambour ni trompette, l'Algérie imprime un rythme de croisière à ses négociations avec l'OMC, même si elle aborde aujourd'hui un virage délicat à l'approche de la plus que décisive réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) prévue en septembre 2003 à Cancun, au Mexique, puisque sous la pression des principaux partenaires, l'Algérie est sommée de libéraliser les prix des produits énergétiques sur le marché intérieur. C'est donc dans ce qui a fait jusqu'à une date récente sa spécificité, à savoir la dominante hydrocarbure dans ses exportations, que notre pays est tenu de céder et de faire amende honorable. Pour le consommateur, cela risque de se traduire par la montée en flèche des prix du carburant à la pompe, phénomène qui lui-même fera boule de neige et aura des répercussions sur l'augmentation des autres produits de consommation courante, comme cela est toujours le cas dès qu'on touche au prix des produits énergétiques. Mais le pays a pris l'engagement de préparer sérieusement son accession à l'OMC et rien ne laisse dire que cet objectif est abandonné. Déja que l'accord d'association avec l'Union européenne, signé en avril 2002, a balisé le terrain à une telle éventualité, l'Europe étant notre principal partenaire commercial. On remarque que dans son programme, le gouvernement Ouyahia garde le cap sur la nécessité de mener à bien les négociations avec l'OMC, ouverte à Doha au Qatar en 2001, pour une fort probable accession de notre pays au cours du premier semestre 2004, c'est-à-dire dans moins d'un an, si tout se déroule selon le calendrier. Aussi peut-on lire dans le programme du gouvernement qu'au volet de régulation du marché et de soutien aux activités, il s'attachera à mettre en oeuvre la mise à niveau et l'adaptation de la réglementation commerciale à travers une politique d'ouverture de l'économie aux échanges internationaux, que ce soit dans le cadre de l'accord d'association avec l'UE ou dans celui de l'accession à l'OMC. Deux autres pays candidats à l'OMC sont dans le même cas que l'Algérie, et se voient signifier de revoir leur politique des prix dans le domaine de l'énergie. Ce sont la Russie, dont les négociations sont assez avancées, et l'Arabie Saoudite. L'Algérie, comme c'est l'usage, pourra bénéficier de tous les avantages qu'auront arrachés ces deux pays. L'Arabie Saoudite partage aussi avec l'Algérie le fait d'être l'un des membres des 7 pays arabes à avoir demandé à adhérer à l'OMC, à savoir le Liban, la Libye, l'Arabie Saoudite, le Soudan, la Syrie et le Yémen, alors que les ministres du Commerce de onze autres pays de la Ligue arabe en sont déjà membres, et s'apprêtent à tenir une réunion les 20 et 21 juin à Charm-El-Cheikh en Egypte, avec leurs homologues africains et latino-américains. Le but de cette réunion, qui avait été précédée de celles qui se sont tenues au Japon, en Australie et au Mexique pour rapprocher les positions avant la rencontre de Cancun, a pour but de demander la libération des prix des produits agricoles. Pour sa part, l'Île Maurice abritera, du 16 au 20 juin, une réunion des ministres du Commerce de l'Union africaine, en vue de définir la stratégie qu'aura à adopter le continent africain lors de la réunion de Cancun. Non seulement l'Afrique devra faire cause commune avec les autres pays en développement pour réclamer le respect de l'agenda de développement accepté lors de la réunion ministérielle tenue à Doha, mais en plus elle dénoncera encore une fois la politique de dumping pratiquée par les pays développés pour le soutien des produits agricoles. Pour en revenir à l'Algérie, on peut lire dans le communiqué du dernier Conseil de gouvernement que Ahmed Ouyahia, qui est ès qualités président du Comité gouvernemental sur l'accession de l'Algérie à l'OMC, a rappelé la nécessité de renforcer la coordination entre tous les acteurs concernés par le processus d'accession de l'Algérie à l'OMC, en faisant ressortir que la moitié des étapes nécessaires à l'aboutissement du processus de l'accession a été franchie. Mais il semble que c'est seulement maintenant que les choses sérieuses commencent, au moment où le volet énergétique est abordé.