Passé le temps de la réflexion, ce sont des mesures et des actions concrètes qu'il faut désormais appliquer... Des artistes de tous bords se sont réunis, dimanche dernier, sur initiative de l'Etablissement arts et culture de la wilaya d'Alger, au théâtre de Verdure, non pas pour fêter leur Journée nationale de l'artiste, mais plutôt pour réfléchir sur des actions à long terme, à même de venir en aide aux sinistrés du tremblement de terre du 21 mai dernier. «On ne sait pas comment se comporter face à cette catastrophe», avouera d'emblée M.Mohammedi, directeur de l'Etablissement arts et culture. Néanmoins, il exhortera, à cet effet, l'ensemble des artistes à se lancer dans des actions spontanées en vue d'une prise en charge psychologique et éducative des enfants qui atténuera quelque peu le malaise des parents. «La présence physique est déterminante», dira M.Mohammedi. Ce dernier nous indique que ces équipes sont d'ores et déjà installées sur les différents sites touchés par ce séisme, à savoir Réghaïa Heuraoua et Rouiba. «On a fait appel à des psychologues, monté des chapiteaux, installé des camps avec, à l'intérieur, des télés, des micros et internet, dépêché des bibliothèques ambulantes. Les parents pourront ainsi vaquer à leurs occupations...», nous informe-t-on «le besoin, nous dit-on, est en permanence». Des caravanes de solidarité nationale sont lancées notamment, de Bordj Ménaïel en direction de Boumerdès. Néanmoins, renchérit M.Mohammedi, «nous ne sommes pas le ministère de la Culture, nous faisons avec les moyens dont nous disposons à la Direction de la wilaya d'Alger, c'est bien qu'il y ait plusieurs caravanes qui se rencontrent». L'animation est aussi présente, notamment, par des ateliers de dessins et de danse pour enfants. Enfin, chaque artiste ira de sa proposition relevant de son domaine respectif. Aussi, Mohamed Benguettaf fera montre de son projet qui consiste à aller jouer ou présenter ses différentes pièces de théâtre d'abord sur les ruines du théâtre El-Sindjab de Bordj Ménaiel qui a été complètement détruit, ensuite généraliser cette opération un peu partout dans les différentes salles de spectacle «pour qu'à long terme, nous puissions rebâtir et remettre sur pied ce théâtre de Omar-Fatmouche grâce aux 50% de nos recettes...», nous confiera-t-il. D'autres partenaires étrangers ont émis le souhait de venir en aide aux sinistrés du tremblement de terre, révèle M.Mohammedi notamment, la radio France Inter, la chaîne de télévision française France 2, mais aussi des artistes algériens vivant en France comme Jimmy Wahid, le bluesman Karim Albert Kook pour ne citer que ceux-là qui devraient être là au mois de juillet à l'occasion de la tournée des Déglingués et qui est programmée maintenant dans le cadre de la solidarité. «Des galas de solidarité sont également prévus après les 40 jours du deuil et les activités d'arts et culture vont reprendre», nous signale-t-on. «On a besoin de gens sur site. Il y en a plus de 55. Il n'est pas question qu'on relâche notre élan», déclare M.Mohammedi. Pour que les artistes se fassent une idée assez claire et arrêtée sur ces endroits, il a été convenu d'une sortie, jeudi prochain, sur le terrain pour évaluer les conditions de travail et baliser, enfin, un programme à long terme. Ainsi, en cette Journée de l'artiste, ô combien symbolique, l'artiste est appelé, encore une fois, à se mobiliser pour soutenir son concitoyen comme il l'a, maintes fois, démontré par le passé. Et pourtant, comble de l'ironie, souvent éprouvé, rudoyé lui-même par sa propre mal vie, bafoué et dénigré dans ses droits, il continue à faire fi de son désarroi, en relevant le défi de la solidarité. Mais jusqu'à quand? La faiblesse est humaine et elle commence à se sentir...y compris chez l'artiste. Ce dernier semblait un peu perdu. A en juger par la récente rencontre qui n'a duré pas plus d'une heure, le sort de l'homme est si vite expédié! La terre a bougé. L'artiste saura-t-il en faire autant? Et de quelle façon? On le verra...