Le syndicat des pilotes de ligne édictera une consigne de refus de ces vols. La question de la reprise des vols d'Air France sur l'Algérie n'en finit pas de connaître des rebondissements. Alors que les dessertes sur Alger de la compagnie française sont prévues à partir du 28 juin prochain, le Syndicat français des pilotes de ligne (Snpl) joue au trouble-fête en déclarant qu'il s'agit là d'«une décision déraisonnable». Le Snpl estime encore qu'il est «impossible de garantir la sécurité des passagers et membres d'équipage», dans un communiqué daté de jeudi dernier. Pis encore, le Snpl considère que «les conditions qui ont abouti au détournement de l'Airbus A 300 d'Air France, en décembre 1994 sur Alger-Paris, n'ont pas été supprimées» et «se sont depuis aggravées». Pour le syndicat c'est «aux politiques de trouver une solution qui permettrait de maîtriser le contrôle des passagers avant leur entrée dans l'avion, sans porter atteinte à la souveraineté territoriale algérienne». Paradoxalement, le P-DG d'Air France, Jean-Cyril Spinetta, avait confirmé récemment la reprise des vols de la compagnie aérienne française vers l'Algérie, le 28 juin prochain, après plus de huit ans d'interruption. Il s'est déclaré «totalement convaincu par les assurances» qui ont été données par les autorités algériennes sur les conditions de sécurité. Signalons qu'une délégation d'Air France, conduite par son directeur général Europe-Afrique du Nord, Etienne Rachou, a été reçue le 15 mai dernier au ministère algérien des Transports à Alger. Les deux parties ont noté avec satisfaction que l'ensemble des dispositions nécessaires à cette reprise sont remplies. Concrètement, Air France devra assurer deux vols quotidiens de Paris vers Alger et un vol au départ de Marseille. Mais, le Snpl qui se dit pourtant conscient de «l'incontestable apport économique attendu de ce marché», affirme «en conscience» que cette reprise serait «totalement déraisonnable». Pour l'en empêcher, «il édictera donc une consigne de refus de ces vols», indique-t-il. Curieusement, la direction générale de la compagnie Air France a signé récemment avec Air Algérie, des accords commerciaux et d'assistance. De plus, Air France a ouvert la vente de billets, y compris via Internet. Le retour d'Air France en Algérie était motivé par la révision à la baisse de ses ambitions dans la région sud-asiatique en raison de l'épidémie du Sras. Le marché algérien, que des observateurs considèrent comme le plus juteux au monde, était donc devenu pour Air France une bouée de sauvetage dans un marché de transport aérien déprimé par les effets de la guerre, du terrorisme et de la stagnation de l'économie mondiale. Le Snpl rejoint par sa position celle de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) qui, même si c'est pour des raisons foncièrement différentes, est opposée à la reprise des vols d'Air France vers l'Algérie. Le 17 mai dernier, l'Ugta a qualifié le retour d'Air France en Algérie de «non-événement. Nous refusons le retour d'Air France maintenant en Algérie», a déclaré à la presse, le secrétaire général de cette centrale, Abdelmadjid Sidi Saïd. «Air Algérie a supporté seule une période difficile et a réussi à relever le défi. Elle en est encore capable pour peu que l'Etat lui apporte son soutien», soutient M.Sidi Saïd. Le retour d'Air France, qui a «exercé un chantage sur les Algériens» ces dernières années, n'est motivé que par «son besoin de compenser ses pertes financières sur le dos des travailleurs algériens», selon le secrétaire général de l'Ugta. Depuis l'embargo inavoué sur notre pays, Air Algérie a desservi seule Alger-Paris jusqu'en janvier 2002, puis avec la compagnie française Air Lib, jusqu'à la cessation d'activités de cette dernière en janvier 2003. Par conséquent, il y a lieu de s'inquiéter du sort des milliers de ressortissants algériens attendus à l'occasion de la saison estivale. Alors que Air Algérie se bat pour avoir les autorisations nécessaires pour assurer son programme «spécial été» à destination de notre communauté à l'étranger, un autre problème de passagers laissés en rade se profile à l'horizon et qu'il lui faudra , comme toujours, prendre en charge.