Selon des sources proches du ministère algérien des Transports, le retour de la compagnie aérienne française n'est aucunement compromis. Reviendra, ne reviendra pas ? Jusqu'à la dernière minute, cette question continuera sans doute à tarauder les esprits et prolongera le suspense sur le retour annoncé d'Air France en Algérie. Le dernier rebondissement en date dans cette affaire a trait à l'opposition exprimée par le principal syndicat des pilotes de ligne de la compagnie aérienne française de renouer avec l'escale algérienne. Dans un communiqué, publié jeudi dernier, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) d'Air France a non seulement qualifié cette reprise de déraisonnable mais entend édicter “une consigne de refus de ces vols” à tous les pilotes et les personnels navigants. Cette organisation motive son hostilité à une reprise des liaisons par l'absence de garanties sécuritaires. Son appel au boycott sera-t-il entendu par la corporation des pilotes et fera-t-il perdurer, de ce fait, l'embargo français sur le ciel algérien ? Selon des sources proches du ministère algérien des Transports, le retour d'Air France, prévu pour le 28 juin prochain, n'est en aucun point compromis. Bien que le SNPL soit majoritaire au sein de la compagnie hexagonale, son opposition à la réouverture des lignes aériennes avec notre pays ne ferait pas l'unanimité dans le corps des pilotes. “De nombreux pilotes se sont montrés disposés à reprendre les vols à destination de l'Algérie”, assurent nos sources. En tout état de cause, la direction générale d'Air France ne semble guère embarrassée par cette montée au créneau du syndicat et poursuit les préparatifs de son retour. Mercredi dernier, une délégation de la compagnie a séjourné à Alger. Reçue au siège du ministère des Transports, elle a réglé avec la direction de l'aviation civile tous les détails de la reprise. Parmi les émissaires d'Air France, figurent un représentant permanent pour l'Algérie ainsi qu'un chef d'escale. Ces derniers ont d'ores et déjà pris leurs fonctions. Ils s'attellent, depuis quelques jours, à matérialiser le retour de leur compagnie, entre autres, en se réappropriant ses locaux. À titre d'exemple, de grands travaux de réfection ciblent actuellement l'agence d'Air France, sise au boulevard Maurétania à Alger. Ce point de vente rouvrira prochainement ses portes à la clientèle. En attendant, les prétendants au voyage à bord des avions tricolores peuvent acquérir leur titre de transports auprès d'autres voyagistes. La vente des billets a déjà commencé. Pour cause, outre les invités de marque, des passagers ordinaires feront partie du vol inaugural prévu pour le 28 juin. C'est, en effet, un vol commercial, le premier dans un programme qui prévoit, dans un premier temps, trois vols quotidiens, deux reliant Alger et Paris et un troisième entre Alger et Marseille. Le ministre français des Transports ainsi que le président d'Air France prendront part au vol inaugural. Cette desserte mettra fin à près de 9 ans d'embargo. Air France a, rappelle-t-on, annulé la destination Algérie suite au détournement, en décembre 1994, de l'un de ses Airbus par un groupe du GIA. Depuis, elle a toujours conditionné son retour par la satisfaction de conditions sécuritaires parfois exagérées. Elle a par exemple longtemps exigé la présence de policiers français dans les aéroports algériens. Considérant une telle condition comme une atteinte à sa souveraineté nationale, l'Algérie a refusé de s'y conformer. En faveur d'un compromis, mais surtout suite au forcing des politiques, Air France est finalement revenue à de meilleurs sentiments. L'accord sur son retour est intervenu lors du séjour du président Jacques Chirac en Algérie en mars dernier. S. L. Traitement des vols d'Air France Des mesures sécuritaires particulières Principale pierre d'achoppement dans les longues négociations sur le retour d'Air France, le volet sécuritaire a fait l'objet d'un compromis entre les autorités algériennes et françaises. Les termes de ce compromis sont consignés dans un long protocole d'accord. Globalement, celui-ci prévoit un traitement particulier des vols d'Air France. Ainsi, il est convenu de réserver un couloir d'enregistrement spécial aux passagers de la compagnie française. S'agissant des dispositions liées à la fouille des passagers, cette mission demeurera du ressort des policiers algériens mais s'effectuera en présence d'un observateur de la police française. Elle ne se déroulera pas sur le tarmac mais à l'intérieur du bus qui transporte les passagers vers l'avion. Arrivée au pied de l'avion, la navette stationnera à proximité de la passerelle de manière à ce que les passagers grimpent directement l'escalier. Au seuil de l'appareil, des agents d'Air France procéderont à la revérification de leurs documents de voyage. S. L.