Les autorités saoudiennes ont récemment rappelé que les manifestations étaient interdites dans le royaume. La police s´est déployée hier à Riyadh, la capitale saoudienne, pour prévenir une manifestation demandant des réformes politiques, au lendemain d´un incident qui a fait, selon des témoins, trois blessés dans l´est du pays. Les Etats-Unis, principal allié de l´Arabie Saoudite, plus gros exportateur de pétrole dans le monde, ont de nouveau appelé jeudi au respect de la liberté d´expression dans le royaume, alors que le monde arabe est secoué depuis le début de l´année par une vague de protestations. Des militants ont lancé sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter des appels à une manifestation dans un quartier du nord de la capitale saoudienne, après la prière du vendredi. Ces appels concernent également d´autres villes comme Jeddah dans l´ouest et Damman dans l´est. Ces militants réclament la mise en place d´institutions élues pour remplacer la Choura, conseil consultatif dont les membres sont nommés par le roi, et le gouvernement, lui aussi laissé à la discrétion du souverain. Hier matin, des dizaines de voitures de police ont pris position dans la zone d´Olaya, dans le nord de Riyadh, et au moins un barrage a été mis en place pour contrôler l´identité des passagers des véhicules sur l´artère principale de ce district récent. Les autorités saoudiennes ont récemment rappelé que les manifestations étaient interdites dans le royaume. Un point de vue que leur allié américain ne partage pas: «Ce que nous avons dit aux Saoudiens et à tout le monde dans la région (du Moyen-Orient), c´est que nous allons soutenir un ensemble de valeurs universelles», a déclaré jeudi Ben Rhodes, un conseiller du président Barack Obama. Parmi ces valeurs figurent «le droit à se rassembler pacifiquement, à la liberté d´expression», a-t-il souligné. Les militants à l´origine des appels à manifester, souvent basés à l´étranger, demandent également la création d´un système judiciaire indépendant, la libération de tous les prisonniers politiques, et des garanties sur la liberté d´expression. Ils réclament aussi que le salaire minimum soit fixé à 10.000 rials (2667 dollars) et des créations d´emplois pour les Saoudiens dans un pays où le taux de chômage est évalué à plus de 10%, et à 30% parmi les jeunes de 20 à 30 ans. Le 23 février, à son retour après une absence de trois mois pour des raisons de santé, le roi Abdallah, âgé de 86 ans, a annoncé un ensemble de mesures sociales pour plus de 35 milliards de dollars. Dans la foulée, d´autres monarchies du Golfe confrontées à des contestations populaires ont annoncé des aides et jeudi, le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) a apporté un soutien financier de 20 milliards de dollars à Bahreïn et Oman, ses deux membres les plus touchés par la vague de révolte. Jeudi soir, la police est intervenue pour disperser une manifestation de quelques centaines de personnes réclamant la libération de prisonniers chiites à Al Qatif, ville de l´est du pays, une région qui abrite une forte communauté chiite ainsi que les principales installations pétrolières du pays. Selon des témoins, trois manifestants ont été blessés par des tirs. Mais selon un responsable saoudien, un manifestant a tiré en direction de la police, qui a riposté. «L´homme a été blessé et arrêté», a déclaré ce responsable sous couvert de l´anonymat.