Le puissant arsenal du Hezbollah est de nouveau dans la ligne de mire de l´opposition pro-occidentale au Liban qui mène une intense campagne politico-médiatique pour dénoncer le «diktat» des armes du parti chiite sur le pays. La coalition menée par le Premier ministre en exercice, Saad Hariri, a appelé les Libanais à participer en masse aujourd´hui à un rassemblement sous le slogan «le peuple veut faire tomber l´arsenal». Le Hezbollah «impose désormais sa volonté sur le pays soit en recourant à son arsenal, soit en brandissant son spectre», affirme Ammar Houri, député du mouvement du Futur de Saad Hariri. «Nous sommes arrivés à un point où nous ne pouvons plus coexister avec ces armes», ajoute-t-il. Ce rassemblement est organisé à l´occasion du 6e anniversaire de la «Révolution du Cèdre», déclenchée après l´assassinat de l´ancien Premier ministre, Rafic Hariri, père de Saad, et qui avait obligé la Syrie, pointée du doigt dans le meurtre, à retirer ses troupes du pays après 30 ans de tutelle. «Non à l´oppression», «non aux assassinats», «non au diktat des armes», peut-on lire depuis plusieurs jours sur des pancartes dans les rues de Beyrouth et dans plusieurs régions libanaises. Le Hezbollah, qui est soutenu par la Syrie et l´Iran, a fait tomber le gouvernement de Saad Hariri le 12 janvier après des mois de bras de fer lié à l´enquête du tribunal de l´ONU sur le meurtre de l´ex-Premier ministre. Le parti chiite s´attend à être mis en cause par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) et veut que Beyrouth cesse toute coopération avec cette instance, qu´il accuse d´être à la solde d´Israël et des Etats-Unis. Mais le puissant mouvement est lui-même accusé d´avoir provoqué la chute du cabinet Hariri «sous la pression des armes». «L´arsenal s´impose dans tous les dossiers, y compris le TSL», affirme M.Houri. Vendredi, M.Hariri a laissé entendre que le Hezbollah avait «peur» de la vérité sur l´assassinat de son père, affirmant que l´arsenal ne lui «servira à rien face à la vérité». Sa coalition a mis en garde contre «le risque que le Liban perde de nouveau sa souveraineté», en référence à la tutelle syrienne passée. De leur côté, les médias du Hezbollah et de ses alliés taxent les pro-Hariri de «menteurs», assurant que l´arsenal est «sacré». «La bataille est ouverte contre le Hezbollah», souligne Fadia Kiwane, directrice du département de sciences politiques à l´Université Saint-Joseph de Beyrouth. Mais selon elle, et étant donné que «la question de l´arsenal est une pomme de discorde» dans le pays, «il aurait mieux fallu en discuter sur la «table de dialogue» plutôt que dans la rue», en raison des «risques» au niveau de la sécurité. Depuis quelques années, une «table de dialogue» entre les deux camps est consacrée à cette question épineuse, mais sans aucun résultat. Le Hezbollah, qui prône la lutte armée contre Israël, estime que son arsenal est nécessaire pour défendre le pays contre une éventuelle attaque de l´Etat hébreu, contre qui il s´est engagé dans une guerre destructrice en 2006.