Un vide qui risque de durer La reprise des cours est conditionnée par la satisfaction totale des revendications. L´Université n´arrive pas à sortir du bourbier de la protestation. A l´université de Bouzaréah, à l´université d´Alger et dans la majorité des grandes écoles, la fièvre de la contestation s´est répandue. Grèves, sit-in et rassemblements sont régulièrement organisés à l´intérieur des campus universitaires et devant la tutelle. Depuis le 7 février dernier, les étudiants ne décolèrent pas. Ils crient leur ras-le-bol et leur désarroi, voire menacent de sortir dans la rue. A l´université d´Alger, comptant quelque 150.000 étudiants, la protestation a atteint son apogée. Cours et examens sont boycottés par les étudiants, conditionnant leur reprise par la satisfaction de leurs revendications. L´attribution d´un double diplôme: master et ingénieur d´Etat avec un statut particulier pour les ingénieurs d´Etat des grandes écoles, l´instauration d´écoles doctorales au niveau de toutes les grandes écoles, l´ouverture du concours de magister aux étudiants évoluant dans le système classique, la facilitation d´accès au master et l´accès aux écoles doctorales sur concours écrit et non sur dossier, sont autant de doléances adressées à la tutelle. Néanmoins, force est de constater que le ministre de l´Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique s´est montré totalement indifférent et sourd à l´égard des revendications des étudiants. Réunie, hier, à Alger, la Coordination nationale autonome des étudiants (Cnae) a réitéré sa détermination de maintenir la pression sur la tutelle. En plus des revendications évoquées, la Cnae compte tenir mardi prochain un sit-in devant le département de Rachid Harraoubia pour exiger de la tutelle la tenue des états généraux de l´Université et la démocratisation de cette dernière au lieu de passer aux assises régionales portant sur le passage du système classique au nouveau système. Car, étudiants et enseignants réunis le 7 mars dernier à Bab Ezzouar ont soutenu qu´il est impératif d´abord de faire le bilan de l´ancien système, en associant toutes les parties concernées. D´autant plus, ont-ils relevé, que le nouveau système (LMD) ne convient pas au tissu industriel du pays lui permettant de réussir comme en Occident. Ainsi, ils comptent se réunir encore, ce mardi, pour définir les axes et les thèmes à discuter au cours des prochaines assises sur l´Université. La reprise des cours est conditionnée par la satisfaction totale de la plate-forme de revendications des étudiants, se trouvant en mouvement de protestation depuis le 7 février dernier. Dans un communiqué, la Cnae a tenu à dénoncer énergiquement le laxisme de la tutelle, qui n´a pas cessé de manifester du mépris, en optant de négocier avec des pseudo-organisations qu´elle convoque à des débats (fabriqués de toutes pièces) afin d´étouffer le mouvement estudiantin. Selon la Cnae, l´attitude affichée actuellement par le ministre de l´Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique constitue «une fuite en avant à défaut de bonne volonté de prendre langue avec les collectifs autonomes représentant les étudiants». Dans ce sillage, la Cnae a condamné, une nouvelle fois, la tutelle qui, au lieu d´être à l´écoute des revendications légitimes des étudiants, répond, fort malheureusement, aux manifestations de colère par des manoeuvres politiciennes, campagne de désinformation et répression. Par conséquent, la Cnae a appelé, une fois de plus, l´ensemble des étudiants à maintenir leur mobilisation, en organisant des sit-in et rassemblements devant leur administration, et ce, avant l´observation d´un rassemblement devant la tutelle ce mardi à Alger, lequel regroupera l´ensemble des universités nationales et grandes écoles. L´échec des différentes politiques et stratégies de réforme et de planification, préconisées par le ministre de l´Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, est ainsi à l´origine de la dégradation et la déréglementation de l´Enseignement supérieur, s´accorde à dire la Coordination nationale autonome des étudiants.