On n´y échappera pas. Qu´on le veuille ou non, que l´on soit convaincu ou non de l´intérêt d´une seule journée dans l´année pour se rappeler l´importance de la place de la femme dans la société, tous les sujets gravitaient, hier, autour de cette moitié de la population. Donc allons-y pour traiter ce sujet incontournable. Dans son message à l´occasion de la Journée mondiale de la femme célébrée hier, le chef de l´Etat souligne que «l´émancipation de la société est tributaire de l´émancipation de la femme». C´est une vérité certes mais pas aussi simple à réaliser. Quelles conditions doit-on réunir pour l´émancipation de la femme? Normalement, une seule condition aurait pu suffire et qui est celle de jouir des mêmes droits et devoirs que l´homme. Sur le papier c´est acquis. De la scolarité gratuite au droit à l´emploi sans discrimination en y ajoutant l´accès aux fonctions électives consacré récemment par la loi fondamentale, rien a priori ne devrait s´opposer à cette émancipation. C´est compter sans les «mentalités archaïques» et «sclérosées» que dénonce d´ailleurs le Président de la République dans son message. A ce niveau là, les textes sont «impuissants». Il est plus juste de dire insuffisants. Alors que faire? Il faut que la société s´émancipe. Comment? Par l´émancipation de la femme! La boucle est bouclée. Comment en sortir? Le genre humain étant ce qu´il est, il serait utopique de croire pouvoir un jour atteindre l´égalité absolue et totale entre les sexes. Même dans les sociétés les plus avancées, les différences sont peut-être atténuées à des degrés variables, mais elles existent tout de même. En somme, le débat est plus philosophique que juridique ou politique. Il y aura toujours des percées de femmes qui réussissent à se hisser au plus haut niveau, comme on peut le constater ici ou là. En Occident comme en Orient. Mais nulle part l´exception n´a pu confirmer la règle. De grandes inégalités persis-tent même dans les Etats dirigés par des femmes. C´est une femme, Angela Merkel, qui dirige le gouvernement en Allemagne, cela n´empêche pas que le salaire des femmes est de 23% inférieur à celui des hommes. On ne peut pas parler d´égalité au Pakistan même du temps où Benazir Bhutto occupait les fonctions de Premier ministre. Edith Cresson à Matignon, en France, n´a pas changé fondamentalement la donne. Pas même Margaret Thatcher qui, durant onze années passées au 10 Downing Street n´a point «révolutionné» la condition des Anglaises. Les exemples sont nombreux. Nous avons également chez nous des femmes qui n´ont pas attendu les textes pour s´imposer en politique. La vice-présidente du Sénat, Mme Zohra Drif, par exemple. Trois membres de notre gouvernement sont des femmes. C´est peut-être peu, mais elles ne le doivent pas aux textes. La plus remarquable d´entre elles est bien Mme Louisa Hanoune, leader incontesté et incontestable d´un parti politique qui compte sur la scène grâce à elle et à son travail. Ce qui veut dire, en clair, que la condition féminine et l´égalité entre les sexes peuvent connaître des améliorations par la mise en oeuvre de politiques contre les discriminations. Il est toujours profitable, à toutes les sociétés, d´être au plus près de cette égalité. Sans pour autant confondre celle-ci avec l´émancipation. Elles sont loin d´être synonymes!