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1956, une Histoire à écrire
Publié dans L'Expression le 18 - 05 - 2008

L´année 1956 constitua un tournant, autant dans la lutte de Libération nationale, pour l´émancipation des peuples que dans le monde où plusieurs événements vont modifier durablement la géopolitique mondiale. Au plan national, la Révolution connut un important tournant lors de cette année 1956. Par la grève générale et illimitée décrétée par les étudiants algériens que le FLN a appelés à rejoindre le maquis, c´étaient les 18 et 19 mai. Le 20 août le Congrès de la Soummam fixa les objectifs de la Révolution et les conditions de la paix.
L´acte de piratage de l´aviation française qui détourna, le 22 octobre 1956, l´avion transportant cinq dirigeants de la Révolution algérienne, clôture une année riche en événements aux plans de la Révolution et de la lutte armée. Sur la scène internationale ce fut d´abord la crise de Suez du 26 juillet 1956 - après la nationalisation du Canal de Suez par le président égyptien Gamal Abdel Nasser - ponctué en octobre de cette année par l´insurrection hongroise à Budapest, durement réprimée par l´armée soviétique. 1956 a ainsi été, du point de vue de l´Histoire nationale et des changements qui ont affecté le monde, une année charnière.
Cela l´a été singulièrement pour la Révolution algérienne qui a définitivement franchi le point de non-retour et pris un tournant irréversible en cette année-clé qui marquait le deuxième anniversaire de la Révolution. Le 19 mai, en décidant de répondre massivement à l´appel de l´Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), les étudiants algériens ont marqué le basculement de toute la société algérienne, y compris parmi ses membres les plus aisés et sans doute les moins susceptibles de se lancer dans l´aventure de la guerre, dans la lutte pour l´indépendance.
Indépendance dont le Congrès de la Soummam va définir les objectifs de même qu´il fixa les conditions de la paix et des négociations avec le gouvernement français. En 1956, la Révolution n´était plus le fait d´une poignée de militants ou d´illuminés, comme l´affirmait alors la propagande coloniale, mais celui d´un peuple, d´une nation, qui s´est soulevé pour recouvrer sa souveraineté. Aussi, le kidnapping des dirigeants de la Révolution n´aura pas d´impact notable sur la lutte de Libération qui s´est poursuivie et même radicalisée.
De fait, face à la généralisation de l´insurrection, la France engage, cette année, le contingent (qui atteindra rapidement plus d´un demi-million d´hommes) en Algérie et rappela les réservistes pour tenter de stopper le cours de l´histoire. Au moment où l´on parle de plus en plus du devoir de mémoire, il est sans doute temps et opportun de revenir sur cette date de 1956 et sa place dans la Révolution algérienne ainsi que pour l´émancipation des peuples asiatiques et africains.
Au moment où l´on célèbre le 52e anniversaire du 19 Mai 56, il faut sans doute mettre davantage en exergue l´aspect historique de l´action des étudiants algériens - les rares à avoir été admis à l´Université française d´alors - et analyser le sens politique d´une grève qui a été un catalyseur pour une révolution qui avait pu donner l´impression de manquer de souffle. Or, 1956 a marqué le sursaut du Mouvement national et tracé les lignes d´une lutte armée devenue irrévocable. C´est cette page de cette année-clé de la guerre de Libération qui reste encore à écrire.


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