Ils sont des milliers à souffrir de traumatismes psychiques. Si aucune alternative n'est programmée, la plaie sera difficile à cicatriser. Ils sont là, lançant des coups d'oeil furtifs, les sens aux abois pour percevoir «le retour» des grondements de ce 21 mai. Ils sont des milliers à être devenus orphelins à cause de ce tremblement de terre. Ni père, ni mère, ni aucun proche parent n'est venu pour leur prêter main forte mais aussi, leur redonner le courage d'affronter la vie de demain. Ces enfants restent, des semaines aphones et ne font que suivre du regard le va-et-vient de «ces étrangers», qui s'affairent autour d'eux pour leur prodiguer soins et leur rendre «le sourire». Tout semble perdu autour d'eux. Combien sont-ils dans cet état de «désespoir», de «déchéance totale» à souffrir et à faire souffrir les autres? En effet, la DAS, cet organisme sous l'égide du ministère de la Solidarité nationale, tente, tant bien que mal, d'apporter un remède à cette famille «handicapée» de parents et de proches. Le recensement de ces cas reste très difficile à cause de l'éparpillement de ces jeunes à travers les diverses structures des deux régions touchées par cette tragédie nationale. On amorce un programme pour les prochains jours qui prendra en charge tous ces «mômes» innocents et ce, afin d'atténuer les séquelles du traumatisme reçu. «Je ne sais pas», «mes parents m'ont laissé», «je veux ma soeur»...sont autant de mots puérils prononcés par ces petits, dont la voix résonne sur un fond de pleurs. Les hôpitaux sont submergés par ces innocents qui ne rêvent que d'une seule chose, «la chaleur familiale». Malheureusement, celle-ci est perdue à jamais. Le traumatisme subi prendra des années à disparaître. On a beau répondre à tous les caprices voulus, l'enfant gardera à jamais, les cicatrices de cette journée d'enfer vécue en ce 21 mai au soir. Ils sont «abattus» et «démoralisés» nous dira Nassima, cette psychologue dépêchée sur les lieux du sinistre. «Ils accusent le coup mais ils restent recroquevillés sur eux-mêmes. Il y a un voile noir autour d'eux. Ils n'expriment pas leurs pensées.» «Ils sont allergiques à tout bruit», conclut cette autre psychologue. En fait, l'idée d'acheminer sur le terrain des spécialistes en la matière est une action des plus positives. Mais que faire devant un tel désastre? Et combien de temps auront ces spécialistes pour combler ce vide. Réellement, cette prise en charge par les psychologues est déterminée dans le temps. D'autres structures dépendant du ministère de la Santé prendront le relais. C'est au Samu d'intervenir et aux psychiatres d'entrer en scène. Ainsi, ces milliers de jeunes dans la tourmente doivent être entourés de soins appropriés afin d'éliminer, à l'avenir, des retombées néfastes au sein de la société. De nombreuses associations chargées de l'enfance ont vite réagi et ce, d'une manière positive, pour redonner l'espoir. Ces bénévoles pour la bonne cause ont manifesté de la promptitude pour «alléger» les souffrances d'une partie de ces jeunes dont les parents étaient ensevelis. Tout le monde est prêt pour ce sacrifice que personne n'a prévu. Depuis les wilayas, de nombreuses familles ont manifesté leur désir pour recueillir ces orphelins, laissés dans la «désolation» et «l'amertume». Ce geste noble démontre, encore une fois, cette foi inébranlable qui caractérise notre peule et que les lois naturelles ont toujours mis à l'épreuve.Ainsi, la tâche aujourd'hui n'est pas du tout aisée. Ces milliers de jeunes et de moins jeunes ne peuvent échapper au souvenir. Quelque chose restera toujours ancré dans leur mémoire. On peut tout oublier, mais jamais, «le bonheur familial». Et, quels que soient la bonté, les mots gentils prononcés, la richesse du coeur qui les entoure, on ne peut effacer cette tâche indélébile, ces stigmates...d'avoir tout perdu. Tout permet de penser que notre nation n'est pas prête à régler dans sa globalité ce genre de problèmes. Les croyances, les coutumes, le rejet systématique du corps des psychologues depuis quatre décennies...ont éloigné, à plus d'un titre, toute solution à ce problème épineux. Comme chante cet artiste: «Malheur à celui qui blesse un enfant». Par ailleurs, le chemin pour ces enfants sera long et sûrement semé d'embûches. Déjà, vivant en vase clos en ce sens, en famille, les jeunes n'arrivent toujours pas à s'adapter et à s'épanouir. Le malheur qui s'est abattu sur eux risque de créer une situation des plus déséquilibrantes. Sans une prise en charge réelle et scientifique, élaborée par les spécialistes, le risque est aussi grand, que celui engendré par le séisme lui-même. Beaucoup de ces jeunes innocents seront tentés par d'autres voies que celle voulue par leurs défunts parents. Une tâche ardue mais réalisable à condition que tout le monde y mette un peu du sien.