La situation a connu dans l'après-midi d'hier un développement inédit avec l'attaque impromptue des avions militaires français contre des objectifs militaires pro-El Gueddafi. A l´issu du sommet de Paris, les schémas s´éclaircissent peu à peu. Il est clair que personne ne croit le dirigeant libyen lorsqu´il déclare qu´il respecte le cessez-le-feu. Entre les déclarations d´El Gueddafi et ce qui se passe sur le terrain, plus rien n´est sûr! C´est le flou total. Une chose est incontestable «la constatation du non-respect de la zone d´exclusion aérienne, et du cessez-le-feu». Suite à l´adoption jeudi soir, de la résolution 1973, la Libye «a décidé d´observer immédiatement un cessez-le-feu et de mettre fin à toutes les opérations militaires», avait déclaré vendredi le ministre libyen des Affaires étrangères, Moussa Koussa, à Tripoli. Les responsables occidentaux ont évoqué la formation en cours d´une coalition militaire pouvant intervenir militairement dès lors que le cessez-le-feu n´est pas respecté par les troupes d´El Gueddafi. Or, selon diverses sources, hier les combats faisaient rage à Benghazi alors que ses habitants fuyaient la bataille. De fait, il n´y eut pas de cessation des hostilités depuis l´adoption, jeudi, de la résolution donnant droit à un recours à la force pour protéger les civils libyens. Le régime d´El Gueddafi dément cette assertion en assurant s´être mis en conformité avec la résolution de l´ONU demandant l´arrêt des violences. Une vingtaine d´avions engagés «Une vingtaine d´appareils» au total ont été engagés dans l´opération enclenchée hier l´armée française en Libye, et le porte-avions Charles de Gaulle va appareiller aujourd´hui de Toulon en direction de la Libye, a annoncé hier l´état-major des armées. Le porte-avions à propulsion nucléaire, le seul dont dispose la marine française, était à Toulon (sud de la France) au terme d´une mission dans l´océan Indien. Le Charles de Gaulle va appareiller avec deux frégates, Dupleix et Aconit, et le pétrolier ravitailleur La Meuse, a précisé au cours d´une conférence de presse le porte-parole de l´état-major, le colonel Thierry Burckhard. Le porte-avions transportera des Rafale et des Super étendard modernisés Parmi la vingtaine d´appareils engagés dans l´opération - elle était en cours hier au moment où nous rédigeons ces lignes -, a ajouté M.Burckhard, figurent huit Rafale, deux Mirage 2000-D, deux Mirage 2000-5 ainsi que des avions ravitailleurs et des avions Awacs. Si nécessaire, des avions de chasse peuvent attaquer des objectifs militaires libyens «qui mettraient en danger des populations civiles», dont éventuellement des chars, a-t-il encore indiqué. Le président Nicolas Sarkozy a annoncé hier le début d´une action militaire menée par Paris contre la Libye, en accord avec Londres, Washington et des partenaires arabes qu´il venait de réunir à Paris, alors que la bataille faisait rage dans le bastion anti-El Gueddafi de Benghazi. «D´ores et déjà, d´autres avions, français sont prêts à intervenir contre des blindés qui menaceraient des civils désarmés», a-t-il expliqué dans l´après-midi à l´issue d´un sommet extraordinaire à Paris, alors que des avions de chasse Rafale survolaient la Libye. Le dirigeant libyen, dont la majeure partie de la communauté internationale réclame le départ, n´a pas semblé prêt à faire de gestes supplémentaires. Alors que sur le terrain des milliers de personnes, fuyaient hier Benghazi (est) après des bombardements en matinée. Après une nuit rythmée par des explosions, notamment des bombardements intensifs, des raids aériens, ont secoué dès l´aube le sud-ouest de Benghazi, bastion rebelle, et plusieurs colonnes de fumée noire se sont élevées alors que des incendies se sont déclarés dans les secteurs bombardés. Enfin de matinée, des milliers de personnes fuyaient par le nord-est la ville de Benghazi au-dessus de laquelle s´élevait un gros nuage de fumée noire, selon de nombreux témoignages. En réponse à ces attaques contre Benghazi, dont on ignore l´identité des véritables responsables, qui transgressent ainsi les résolutions du Conseil de sécurité, des sources du ministère libyen de la Défense citées par l´agence officielle Jana, ont accusé «les bandes d´Al-Qaîda d´attaquer des unités des forces armées stationnées à l´ouest de Benghazi» et utilisent «des hélicoptères et un avion de chasse». De son côté, à Benghazi, le commandant des rebelles, Khalifa Heftir, a dénoncé un coup de «bluff» et un porte-parole a accusé les forces gouvernementales de «bombardements soutenus» sur Zenten et Misrata (ouest) et sur Ajdabiya (est). Le régime libyen accusant les insurgés au lendemain de son annonce de cessez-le-feu, les autorités ont démenti et accusé les rebelles d´avoir attaqué les forces gouvernementales. Entre-temps, les déclarations récoltées suite à la fin du sommet union européenne-Union Africaine-Ligue arabe tenue dans la journée d´hier à Paris sont trés explicites. Selon M.Ban, «Les dirigeants mondiaux se sont unis et ont parlé d´une même voix» dans la résolution de l´Onu. De son côté, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré, hier à l´issue du sommet de Paris, que des avions français survolaient hier la Libye pour empêcher des «attaques aériennes» des forces de Mouamar El Gueddafi sur Benghazi et sont «prêts à intervenir contre des blindés». M.Sarkozy a aussi soutenu que le dirigeant libyen pouvait toujours éviter le «pire» mais les agressions doivent cesser. La porte de la diplomatie se rouvrirait lorsque les agressions contre la population «cesseront» en Libye, le président français appelant le colonel El Gueddafi à respecter «sans délai et sans réserve» la résolution de l´Onu. Côté pratique, un point important est d´ores et déjà acquis. Effectivement, l´Italie a accepté vendredi d´offrir ses bases militaires en vue de l´instauration d´une zone d´exclusion aérienne en Libye même si, par sa position géographique, elle peut craindre des représailles, tirs de missiles ou envois massifs de réfugiés sur ses côtes.