Medelci et Lavrov hier lors de la conférence de presse à la résidence El-Mithaq Le chef de la diplomatie algérienne a confirmé l'entretien qui a eu lieu entre Ahmed Ouyahia et le vice-président américain, Joe Biden. L´Algérie réagit à la situation en Libye. Par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, Alger appelle à l´arrêt «immédiat» de l´intervention militaire dans ce pays voisin. «L´Algérie saisit cette occasion pour appeler, une nouvelle fois, à la cessation immédiate des hostilités et des interventions étrangères, afin d´épargner la vie de nos frères libyens et de leur permettre de régler pacifiquement et durablement la crise dans le respect de la préservation de leur unité, leur intégrité territoriale et leur pleine souveraineté», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne, lors d´un point de presse coanimé à la résidence El-Mithaq, avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. M.Medelci a déclaré que la Libye traverse une crise profonde, aggravée notamment depuis l´intervention militaire de la coalition. «Nous avons (avec le ministre russe, Ndlr), développé nos consultations sur la situation qui prévaut dans la région, en Libye, notamment, qui traverse une situation de crise profonde, qui s´est aggravée avec l´entrée en action des forces aériennes». Exprimant clairement la position de l´Algérie quant à cette intervention militaire, le ministre a déclaré qu´Alger juge disproportionnée cette démarche. «Nous jugeons disproportionnée cette intervention par rapport à l´objectif assigné par le Conseil de sécurité de l´ONU dans sa résolution 1973», a-t-il souligné. Le ministre des Affaires étrangères a également indiqué que l´Algérie associera ses efforts à ceux de l´Union africaine, appelée à se réunir le 25 mars à Addis-Abeba (Ethiopie), et suit avec un «intérêt certain» les efforts du secrétaire général des Nations unies qui doit réunir le Conseil de sécurité de l´ONU jeudi prochain, pour procéder à une «évaluation objective» de la situation sur le territoire libyen. A ce titre, il indiquera qu´il sera question de savoir dans quelles conditions a été appliquée la résolution du Conseil de sécurité. Il a également appelé à ce que soit vérifié «s´il n´y a pas eu de changement d´objectif en cours de parcours», citant notamment un «objectif politique» non défini, poursuivi par les pays occidentaux. Sollicité pour affirmer ou infirmer le soutien affiché par le Premier ministre Ahmed Ouyahia au vice-président américain, Joe Biden, quant à la mise en oeuvre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité, M.Medelci a eu cette réponse: «Effectivement, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, a eu un entretien téléphonique avec le vice-président américain, M.Joe Biden, à la demande de ce dernier», a affirmé le diplomate algérien. Et d´expliquer les circonstances dans lesquelles est intervenue cette communication. «Cet entretien téléphonique avait eu lieu après la réunion de la Ligue arabe du 12 mars dernier et après celle du Conseil de sécurité de l´ONU», a-t-il dit. Et de préciser les raisons d´un tel soutien. «L´Algérie est membre de la communauté internationale et de l´ONU et est donc justiciable de la mise en oeuvre de cette décision», a-t-il fait remarquer. Pour M.Medelci, l´Algérie suit de très près ce qui se passe autour de cette question et elle fait passer des messages par ses contacts avec les membres du Conseil de sécurité. «En tant que membre de la Ligue arabe, l´Algérie a participé d´une manière intense à la réunion du 12 mars», a-t-il indiqué. Le ministre a rappelé que lors de cette réunion, il a été convenu de créer une zone d´exclusion aérienne à caractère préventif et que cette zone doit être limitée dans le temps. «Nous avons été suivis dans ces observations et nous n´avons pas été suivis dans certaines autres jugées très importantes», a-t-il enchaîné. Parmi les points sur lesquels l´Algérie n´a pas été suivie, on peut citer par exemple, qu´Alger a demandé de faire une évaluation sur les informations contradictoires qui parvenaient de Libye. «L´Algérie avait proposé de déployer sur le terrain une commission d´enquête qui puisse élaborer» un compte rendu en vue de la prochaine réunion du Conseil des ministres arabes, a-t-il soutenu. Concernant l´autre point sur lequel «nous n´avons pas été suivis, consiste en notre demande de nous concerter avec l´Union africaine avant d´aller au Conseil de sécurité», révèle le ministre. Et d´observer que l´Algérie n´avait pas émis des réserves formelles sur le texte de la Ligue arabe, mais elle avait juste exprimé son point de vue.