Trois jours après le début des attaques occidentales contre le régime de Mouammar Kadhafi, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, donne la position de l'Algérie à l'égard de l'évolution de la situation en Libye.Au cours d'une conférence de presse conjointe animée avec son homologue russe, Sergaï Lavrov, le chef de la diplomatie algérienne n'a pas désavoué la décision du Conseil de sécurité d'imposer à la Libye une zone d'exclusion aérienne, mais il a critiqué ce qu'il qualifie de «bombardements disproportionnés» des alliés en Libye et demande l'arrêt «immédiat des hostilités». «La situation […] s'est aggravée avec l'entrée en action des forces aériennes que nous jugeons disproportionnée par rapport à l'objectif assigné par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1973», a estimé Mourad Medelci. «L'Algérie saisit cette occasion pour appeler une nouvelle fois à la cessation immédiate des hostilités et des interventions étrangères et ce, afin d'épargner la vie de nos frères libyens», a-t-il encore indiqué.Mourad Medelci estime, au même titre d'ailleurs que son homologue russe, que les objectifs des attaques contre la Libye «sortent apparemment du cadre strictement sécuritaire pour devenir une question politique». Toutefois, le ministre algérien n'a pas démenti les informations selon lesquelles l'Algérie soutient, par le biais du Premier ministre Ahmed Ouyahia, les attaques contre la Libye. «Je confirme qu'il y a eu un entretien téléphonique entre le vice-président [américain, ndlr], Joe Biden, et notre Premier ministre. Mais cet entretien survient, souvenez-vous, après des prises de positions de l'Algérie», a-t-il précisé, sans démentir le fond. Les positions dont parle Medelci sont celles exprimées en marge de la décision de la Ligue arabe de soutenir l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne. L'Algérie avait, en effet, marqué sa différence en renvoyant toute décision du genre au Conseil de sécurité. La deuxième position, a rappelé le ministre, est celle qui consiste en la constitution d'une commission d'enquête, puisque «les informations en provenance de Benghazi et celle en provenance de Tripoli, sont contradictoires», argue-t-il.Le ministre russe des Affaires étrangères est, pour sa part, plus mesuré sur la situation en Libye et dans toute la région. Il a dénoncé le fait que l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne en Libye devait servir «uniquement à protéger les populations civiles». «Il est important que le droit international soit soigneusement respecté dans ce conflit, comme dans d'autres encore», a estimé M. Lavrov qui a justifié la non-utilisation du droit de veto comme une manière pour Moscou d'exprimer son approbation pour «une zone d'exclusion aérienne». A. B.