Omerta quand tu nous tiens! La question des internés du Sud est devenue «une énigme», commente le porte-parole du comité des ex-internés, comportant 1046 adhérents. Une véritable tragédie humaine inscrite dans l´histoire récente du pays. «Plus de 24.000 personnes ont été déportées dans les camps de Reggan, Oued Namous et In M´guel au début des années 1990», a fait savoir, le porte-parole du comité des internés des camps du Sud, Noureddine Belmouhoub membre d´Amnesty International, lors d´une conférence de presse tenue hier à Alger. «Ce dont nous sommes victimes s´assimile à une messe noire, une mort massive, par ordonnance car nul d´entre les auteurs qui ont décidé notre arrestation et notre déportation, n´ignore que ces camps sont des zones ayant servi aux essais nucléaires, bactériologiques et chimiques de l´armée française donc fortement irradiées», indique-t-il. «Actuellement 80% des internés sont atteints de toutes sortes de cancers. Récemment, on a recensé 64 décès suite à des maladies du cancers tandis que 7 autres internés ont été portés disparus», ajoute-t-il. «Le comité de défense des internés du Sud ne comprend pas encore pourquoi on oppose à leur question socio-humaine un silence assourdissant», a regretté hier, le porte-parole du Cdics, Noureddine Belmouhoub lors d´une conférence de presse tenue à Alger. «L´objectif du comité n´est pas d´amener les pouvoirs publics actuels à reconnaître une responsabilité dans cet abus de droit commis par des éradicateurs et les déserteurs de l´armée française mais, nous leur reprochons le silence face à cette tragédie», estime-t-il encore. En expliquant que «d´une part l´argument attestant la légitimité de l´Etat à défendre la sécurité des biens et des personnes est hypocrite du fait que des milliers de citoyens furent déportés pour être offerts en pâture à la radioactivité, de l´autre, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale comporte des mécanismes sélectifs». «Les internés demandent que justice soit faite et non l´aumône en refusant à quiconque de parler en son nom», dira Belmouhoub. «Après qu´on nous ait rangés dans l´impasse de l´iniquité, devons-nous nous résigner et attendre calmement qu´un cancer finisse par nous terrasser?», s´est-il interrogé. «Même le recours au Tribunal pénal international nous est impossible car l´Algérie n´a pas signé le traité de Rome», soutient-il. Les internés du Sud, qui se considèrent comme des oubliés de la charte, demandent à être inclus dans les textes de la charte. L´ouverture des registres détenus par 48 wilayas et la délivrance d´une attestation de présence dans l´un des camps, indemnisation, réintégration et une couverture sociale sont entre autres revendications des ex-internés.