Un groupe inconnu a revendiqué les dernières attaques contre les Américains qui annoncent la création d'une cour spéciale. Quatre cents Irakiens ont été arrêtés au cours de ces derniers jours, dans le cadre de l'opération «Scorpion du désert» selon un communiqué du commandement central américain. Nombre d'entre eux, ont été toutefois relâchés, alors que les incidents opposant les soldats américains à des groupes irakiens, se multiplient, notamment dans la région de Falloujah, où la résistance à l'occupation semble la plus déterminée. Hier, un soldat a été tué et un second, blessé au centre de Bagdad, au moment où des forces américaines ouvraient le feu contre des manifestants qui sont d'anciens soldats irakiens, tuant un Irakien. Alors que la coalition entreprenait, depuis le 15 juin, l'opération «Scorpion du désert», dans l'optique de «mater» la guérilla, un groupe inconnu revendiquait les attaques contre les forces de la coalition. Ainsi, des «Brigades de résistance irakiennes» jusqu'ici inconnues, ont revendiqué mardi «toutes les opérations de combat» de ces derniers jours, contre les soldats américains, stationnés en Irak, se démarquant de l'ancien président, Saddam Hussein. Dans un communiqué les «Brigades de résistance irakienne» indiquent avoir «planifié et exécuté ces opérations», qualifiant Saddam Hussein et ses partisans «d'ennemis qui ont contribué à la perte de la patrie et à aggraver ses blessures» soulignant «ces opérations ne sont pas le fait du président de l'ancien régime, de ses partisans, d'individus ou d'un groupe d'extrémistes islamistes comme le prétendent les médias (mais) l'oeuvre d'un groupe de jeunes Irakiens et Arabes qui croient en l'unité, en la liberté et en l'arabité de l'Irak». La coalition qui fait face à une résistance plus ou moins déterminée, selon les régions, donne l'impression de s'installer en Irak pour le long terme, alors que la mise en oeuvre d'un gouvernement transitoire, se heurte à des divergences de plus en plus affirmées entre la coalition et l'ancienne opposition. John Sawers, représentant spécial britannique, reconnaît l'existence de divergences avec le chef du Congrès national irakien, CNI, Ahmed Chalabi et Massoud Barzani, président de l'Union patriotique kurde, UPK, qui, selon lui, veulent «obtenir le pouvoir de manière immédiate, ce qui est impossible». M.Sawers, accuse, d'autre part, les chiites de vouloir s'imposer en force, affirmant «Il existe actuellement deux sources de menaces en Irak, d'abord, le reste des membres du Baâs qui tentent de revenir au pouvoir, bien que le peuple irakien ne les soutient pas» et «d'autre part, le nombre important de chiites (...) qui tentent aujourd'hui d'obtenir le plus possible de force et de pouvoir pour éviter d'être soumis une nouvelle fois à la pression». Confrontée à plusieurs fronts de résistance, la coalition n'en crée pas moins une cour spéciale chargée de «juger les gens et en particulier les baâssistes et les hauts responsables du Baâs (...) qui auraient commis des crimes contre la coalition ou qui tentent de déstabiliser la situation ici (en Irak)» annonçait hier l'administrateur en chef américain, Paul Bremer, qui rejette par ailleurs l'idée d'élections, estimant celles-ci «prématurées». «La proposition d'élections est prématurée, il n'y a pas de loi électorale, il n'y a pas de recensement, il n'y a pas d'urnes, il n'y a aucune procédure en place». Pour ce qui concerne le tribunal pénal, celui-là aura, explique un conseiller juridique américain, à juger les crimes commis après le 19 mars, veille du début de la guerre en Irak. «Le but de cette cour est de pouvoir juger tous les crimes graves commis au sein d'une seule instance» indique le conseiller juridique américain, précisant «Nous assistons à une progression de crimes et nous ne pouvons attendre la formation d'un nouveau gouvernement». Et le même de souligner: «Le système judiciaire irakien a été sévèrement discrédité aux yeux des Irakiens et du monde (...) et il est considéré comme corrompu et manquant d'indépendance vis-à-vis du régime». De fait, la coalition est surtout en train de verrouiller toutes les issues, pour conforter sa présence en Irak.