Il vient de sortir son huitième album toujours aussi festif où il rend hommage à la femme. Massi évoque avec nous ce nouvel opus sans oublier de donner son avis sur la situation des artistes et du spectacle en Algérie. L´Expression: Un mot sur votre nouvel album qui vient de sortir. Massi: C´est mon huitième album, il s´appelle Koulchi normal. Il est sorti aux éditions Maya. C´est un album de huit titres. J´aborde différents sujets sociaux dont l´amour, les gens, el ghorba etc. Il est conçu de la même façon que l´ancien album sorti en 2009. Koulchi normal a été réalisé avec des instruments acoustiques genre basse, guitare, piano. On y découvre différents rythmes. Quatre, le nôtre du folklore kabyle et puis il y a un mélange de sons d´ailleurs des plus entraînants. Je chante en kabyle exclusivement. Ce qu´il y a d´orignal dans cet album est un duo avec Azzou El Annabi, c´est un rappeur. On a fait une chanson qui s´appelle Scénario qui traite de la jeunesse d´aujourd´hui. Lui chante en arabe, et moi en kabyle. Dans les huit titres, il y a sept compostions personnelles et un titre du patrimoine de khalti Chérifa. J´ai refait les paroles. J´ai repris la mélodie sur laquelle j´ai greffé de nouvelles paroles. Partant de Chérifa, j´ai rendu un hommage à toutes les femmes. C´est un texte qui parle de la femme kabyle, algéroise, chawie targuie, etc. Ce titre s´appelle Tidziryen, qui veut dire les Algériennes. Mon parolier principal c´est Benali. Il y a une autre chanson chaâbi qui s´appelle Tahannintiou écrite par Arezki. Des concerts? Je prévois une tournée pour le mois de juin, mais on n´a pas encore calé des dates. Il y aura une vente-dédicace au mois de juin. Sinon, je vais en France le 20 avril, je serai à Paris, Lille, Lyon, etc. On va préparer un clip. Pour cela, je tiens à remercier Ammi Saïd Amrani (le directeur de la Chaîne IV) qui a pris en charge mon album pour faire le clip. On a commencé le clip vendredi. Cette année, on envisage de tourner deux clips à l´ancienne au village Ighil Ali, mon village natal connu pour être aussi le village natal de Taos Amrouche, Jean El Mouhoub Amrouche etc. Les clips seront ensuite diffusés à la télé. Je tiens à remercier également toute l´équipe qui a travaillé avec moi, notamment Zinou Kandour l´arrangeur, Amine Torki et les studios Sono Star. Et tous ceux qui étaient là pendant l´enregistrement. Que pense Massi de la chanson kabyle actuelle? Je peux dire, «El Hamdoulillah», en ce moment avec les nouveaux sons et surtout les mix qu´il y a entre les rappeurs et les chanteurs kabyles etc. On peut dire que la chanson kabyle évolue. Idir est parmi les artistes qui ont mené la chanson kabyle très loin. Qui ne connaît pas Avava inouuva ou Sendou? Sans parler de Takfarinas. C´est mon idole et un artiste que je respecte beaucoup et que j´écoute très souvent, aussi Hasnaoui et surtout Zerrouki Allaoua, c´est une grande voix kabyle. Et le jeune Allaoua? Oui j´aime bien ses chansons. Il fait de bonnes reprises. Il ne vous fait pas de l´ombre? Non, pas du tout, chacun son public. Bien au contraire, le plus important dans tout ça est qu´il y ait de l´émulation, que la chanson kabyle aille loin que ce soit à travers moi ou Allaoua. Pourvu que ça dure. Il faut toujours garder l´esprit artistique et sportif en tête. Quant à la concurrence, il faut qu´elle existe justement! Parfois on se donne à fond car il y a un concurrent, c´est pourquoi on se casse la figure. On creuse, on cherche la nouveauté.. Quels sont les thèmes que vous abordez et qui vous tiennent à coeur? L´amour et la jeunesse très souvent. Ça touche tout le monde. Ça reste le sujet favori du public Ce qui se passe en Kabylie, un terreau qui a vécu plein de choses ces dernières années, vous inspire-t-il? C´est normal que cela m´intéresse, mais ça reste dans du style engagé. Je l´ai chanté mais pas complètement. On comprend à travers le texte en filigrane ce que cela veut dire. Mais je pense qu´il y a des chanteurs plus appropriés pour chanter ça. Et vous, vous vous définissez comment? Un chanteur sentimental certes, très connu dans le genre fêtes. Massi est réputé pour les mariages, les ambiances de fête, les youyous, la piste, la chaleur. Je tiens à dire une chose entre parenthèse: malheureusement en Algérie, on n´a pas la notion de spectacle, c´est vraiment limité. C´est périodique et pourtant le public a besoin de ça. Hélas! le public n´a pas la chance de voir Massi ou quelqu´un d´autre qu´au mois d´août ou juillet. Je suis contre ça. Il devrait y voir plus d´animation car il y a beaucoup de jeunes. Des gens qui veulent sortir en famille, maintenant, il y a la sécurité. Nous avons de très belles salles. De nombreuses salles sont prêtes. Car si on a les moyens pour voir Massi dans un mariage il reste que le spectacle sur scène c´est toujours différent. En Algérie, on ne peut pas avoir une salle sans l´accord de l´Etat. Si on te donne la salle et sans la sécurité derrière, qui va assurer le bon déroulement du concert, eu égard aux familles qui sont là? On ne peut rien faire. Moi, à Paris, mon gala a été annulé au Palais des congrès, car les chaises n´étaient pas fixées, et on ne voulait pas prendre le risque de faire le gala alors que tout était sécurisé à l´extérieur et à l´intérieur. On ne sait jamais quelqu´un peut balancer une chaise. Et vite fait, c´est la panique, alors imaginez gérer toute une salle. O.K. je peux investir dans une salle, je me déplace à la radio, à la télé, je ne demande pas de cachet, mais pour animer un gala, si l´Etat ne t´accorde pas la sécurité, tu ne peux pas le faire. C´est impossible! Le problème est lié à l´organisation. Ce n´est pas si facile que ça d´aller louer une salle pour faire un spectacle et promouvoir ton album. Et je ne pense pas que je pourrais promouvoir mon album dans une salle qui contient à peine 400 ou 500 personnes. C´est insuffisant. Vous parlez de l´Etat, il y a aussi le privé, non? Oui, on est sollicité, ça commence. J´ai remarqué que beaucoup d´artistes font appel aux sponsors, c´est une chose extraordinaire. C´est toujours bien, quitte à te faire des panneaux publicitaires par exemple. Quand l´artiste n´est pas connu, c´est difficile aussi. Ils ont parfois peur d´investir cet argent et ne rien gagner en retour. Quant à moi, je remercie Dieu jusque-là, car j´ai toujours travaillé avec des éditeurs qui ont les moyens. Je pense que ce nouvel album connaîtra un bon succès. Un nouvel album, c´est toujours un nouveau départ pour moi. C´est un risque.