Jean Ping, président de la Commission africaine, et l'UA conjuguent leurs efforts pour rapprocher les parties libyennes L'objectif premier du panel est de mettre fin à la guerre et trouver une solution adéquate à la crise. L´Union africaine réussira-t-elle là où les occidentaux ont échoué et convaincre les belligérants à convenir d´un cessez-le-feu? Les dirigeants africains désignés médiateurs pour la Libye par l´Union africaine (UA) ont, selon une source officielle mauritanienne, quitté Nouakchott hier en début d´après-midi, pour Tripoli puis Benghazi. Les présidents Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Amadou Toumani Touré (Mali), Denis Sassou Nguesso (Congo) et Jacob Zuma (Afrique du Sud) et le ministre ougandais des Affaires étrangères Henry Oryem Okello, qui représente le président Yoweri Museveni, doivent, lors de leur séjour en Libye, hier et aujourd´hui, rencontrer le dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi à Tripoli et les représentants de la rébellion dans leur fief à Benghazi (est), selon des sources officielles mauritaniennes et sud-africaines. «Le premier objectif du panel est de mettre fin à la guerre et trouver une solution adéquate à la crise. Nous sommes en contact avec la communauté internationale pour parvenir à cet objectif suivant la feuille de route de l´UA», a déclaré à la presse Mohamed Ould Abdel Aziz, président du panel, à l´issue de sa réunion hier avec ses homologues à Nouakchott. Cette initiative de l´UA vient conforter les déclarations et les conclusions de l´Otan, selon lesquelles une issue militaire à ce conflit est peu probable. Vu le déséquilibre des forces sur le terrain, qui donne l´avantage aux forces pro-El Gueddafi. alors que les pays membres de la coalition internationale, France et grande-Bretagne à part, refusent d´armer la rébellion, les choses vont de mal en pis pour cette dernière. Ainsi, la seule issue espérée à ce conflit réside dans l´option politique. Avant la réunion de Nouakchott, la rébellion libyenne avait prévenu, dès samedi, qu´elle rejetterait tout cessez-le-feu impliquant le maintien au pouvoir de Mouamar El Gueddafi ou de ses fils. Ce serait, certes, la seule revendication de la rébellion (...) mais c´est aussi le coeur du conflit, car El Gueddafi est lui aussi prêt à accepter toutes les réformes revendiquées par les insurgés mise à part, toute proposition mettant fin à son leadership sur le pays. Dans un communiqué, le panel de l´UA avait réitéré son appel à «la cessation immédiate de toutes les hostilités» en Libye. Ces appels au cessez-le-feu et au dialogue sont demeurés, jusqu´à l´heure, sans effet sur le terrain. L´armée pro-El Gueddafi et les insurgés s´affrontaient hier à Ajdabiya (est) où se déroulent de violents combats depuis samedi. En effet, hier matin, de fortes explosions ont de nouveau secoué cette ville. Le panel a aussi lancé «un appel pressant à toutes les parties pour qu´elles s´engagent résolument en faveur d´un règlement pacifique de la grave crise que connaît leur pays et (pour qu´elles) lui apportent à cette fin toute la coopération requise». Il a également redemandé «l´acheminement diligent de l´assistance humanitaire» et «le dialogue entre les parties libyennes», réclamations contenues dans la feuille de route adoptée par l´Union africaine en mars. Par ailleurs, les médiateurs envisagent de proposer «une période transitoire en vue de l´adoption et la mise en oeuvre des réformes politiques nécessaires pour l´élimination des causes de la crise actuelle en prenant dûment en compte les aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, à la réforme politique, à la justice, à la paix et à la sécurité». De son côté, l´Otan a annoncé, samedi soir, qu´elle avait continué à frapper au cours des dernières 24 heures des dépôts de munitions et des armes lourdes des forces loyalistes, utilisés pour se réapprovisionner et bombarder Misrata, assiégée depuis un mois et demi. Concernant la situation humanitaire, un navire affrété par le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) a accosté, samedi, à Misrata, avec à son bord des fournitures médicales pour soigner 300 blessés. L´UE se prépare, quant à elle, à lancer une mission militaro-humanitaire pour aider la population assiégée de Misrata.