La crise libyenne, exacerbée samedi par les raids intensifs de l'Otan, qui ont fait quinze nouvelles victimes civiles, sera dimanche au centre d'une quatrième réunion du panel de haut niveau de l'Union africaine (UA) sur la Libye, prévue en Afrique du Sud. Dans l'après-midi de samedi, trois puissantes explosions ont secoué le quartier de Tajoura dans la banlieue-est de la capitale libyenne Tripoli, où des colonnes de fumée s'élevaient au dessus du secteur, selon les médias. Ces explosions ont été entendues depuis le centre de Tripoli. Des colonnes de fumée se sont élevées peu après au dessus du quartier de Tajoura, cible à plusieurs reprises des bombardements de l'Otan depuis le début de l'intervention étrangère en Libye, selon des correspondants de presse. Un peu plus tôt, la télévision publique libyenne a rapporté que quinze personnes avaient été tuées et plus de 20 autres blessées dans un raid de l'Otan effectué contre des zones civiles dans la ville de Brega, dans l'est du pays. L'Otan «a bombardé des sites civils, parmi lesquels une boulangerie et un restaurant à Brega, faisant quinze martyrs et plus de vingt blessés parmi les clients qui fréquentaient ces endroits», selon la télévision, qui a vivement dénoncé cette nouvelle attaque qu'elle qualifie de «crimes contre l'humanité» commis par l'Otan en Libye. Les bombardements de la coalition étrangère, d'une part, et les affrontements opposant les rebelles armés aux forces loyales au colonel Maâmmar El-Gueddafi, d'autre part, continuaient d'enfoncer la Libye dans un conflit meurtrier à l'origine d'une situation humanitaire des plus préoccupantes. Fortement préoccupé par ces évènements, le panel de haut niveau de l'UA sur la crise libyenne, composé de cinq chefs d'Etat africains, se réunira pour la quatrième fois en Afrique du Sud aujourd'hui pour examiner toutes les possibilités susceptibles de mettre fin au conflit qui gangrène la Libye et qui menace aussi la stabilité et la sécurité de toute la région, soulignent-on de source diplomatique. Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, et son homologue malien, Amadou Toumani Touré, ont quitté hier leurs pays respectifs pour assister à cette réunion du panel de médiateurs de l'UA sur la crise libyenne, a-t-on indiqué de sources officielles. Au cours de cette réunion, les participants doivent «discuter des derniers développements du conflit en Libye et des efforts menés» pour le résoudre, selon l'Agence mauritanienne d'information (AMI). Sur cette question, le président mauritanien a estimé «nécessaire» le départ du colonel El-Gueddafi pour permettre le règlement du conflit par le biais de négociations. «Quoiqu'il arrive, il y aura une solution négociée, même avec le temps. Dans tous les cas, son départ (d'El-Gueddafi) devient une nécessité», avait déclaré M. Ould Abdel Aziz, en doutant cependant des attaques de l'Otan en Libye, en particulier sur Tripoli. Mais le colonel El-Gueddafi refuse toute négociation sur son départ et a promis «une longue guerre contre les forces occidentales et contre les ennemis de la Libye». Chargé par l'UA de trouver une solution négociée au conflit libyen, le comité est dirigé par M. Ould Abdel Aziz et comprend trois autres chefs d'Etat africains : Jacob Zuma (Afrique du Sud), Denis Sassou Nguesso (Congo) et Yoweri Museveni (Ouganda). L'UA propose aux parties libyennes une «feuille de route» appelant notamment à un cessez-le-feu immédiat et au dialogue national en vue de chercher une solution politique au conflit. Cette proposition a été acceptée par le colonel El-Gueddafi et rejetée par les rebelles armés. Par ailleurs, de nombreux pays, dont notamment la Russie et la Chine, sont opposés à la poursuite des frappes de l'Otan et des affrontements armés en Libye, et ont plaidé en faveur d'une solution politique et pacifique à la crise. Des hauts responsables arabes et étrangers s'inquiètent des retombées catastrophiques du conflit armé en Libye, sur la sécurité et la stabilité de la région, appelant, toutefois, au respect de la souveraineté des Etats et la liberté des peuples