Le comité de l´Union africaine (UA) a quitté la Libye, mardi soir, sur une demi-réussite. El Gueddafi a accepté sa proposition de cessez-le-feu mais pas le Conseil national de transition (CNT) des insurgés à Benghazi. Un résultat prévisible pour tous ceux qui suivent avec attention la crise libyenne. Prévisible car ce n´est pas à Benghazi que le centre de décision de la rébellion se trouve. Il faut se rappeler qui a «créé» ce CNT et continue à le «manager». Rappelons-nous c´était le 5 mars dernier sur la chaîne française TF1. Interrogé en direct par Claire Chazal, Bernard-Henri Lévy, philosophe français de son état, déclarait depuis Benghazi où il se trouvait depuis deux jours: «Les insurgés se sont dotés d´un gouvernement provisoire (notez qu´il ne disait pas encore le CNT) quand bien même d´une manière totalement improvisée». Il ajoute que «la communauté internationale a un rôle à jouer pour mettre hors d´état de nuire l´aviation libyenne...et de bombarder le bunker de Kaddafi qui est un danger pour le monde. Kaddafi c´est Moubarak et Ben Ali à la puissance 10». Le 10 mars, soit cinq jours plus tard, le même Bernard Henri Lévy débarque à l´Elysée en compagnie de trois Libyens qu´il fait recevoir par Sarkozy. C´est ainsi que le CNT dans sa version actuelle a vu le jour. Le titre: «Libye: BHL à la barre» du Journal (français) du dimanche (JDD), ce jour-là, est sans équivoque. Où en est-on aujourd´hui des points soulevés par BHL dès le 5 mars? La France a procédé à un échange «d´ambassadeurs» avec Benghazi. L´Italie et le Qatar ont également reconnu le CNT. La communauté internationale a adopté le 17 mars au Conseil de sécurité la résolution 1973 légitimant ses bombardements contre la Libye qui durent depuis. Deux des trois points de la feuille de route énoncée par BHL sont remplis. Reste le troisième en la personne d´El Gueddafi. C´est là que se situe actuellement le noeud. Comment veut-on que le CNT puisse accepter ce que son «imprésario» refuse depuis le 5 mars? D´ailleurs, le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, avant même d´être placé après BHL par l´Elysée sur ce dossier, déclarait toujours sur TF1, le 1er mars dernier: «Nous essayons d´accentuer les pressions pour faire tomber Kaddafi, il va tomber, il tombera.» Il répétera cette «condition» lors de son audition devant les sénateurs le 7 avril dernier. «La question aujourd´hui est celle des conditions de départ de Kaddafi», leur a-t-il précisé. Juppé ne fait que suivre, par là, les «instructions» clairement énoncées dès le début par B-HL. Et c´est sur ce point que la mission de l´UA a buté lundi à Benghazi. Un B-HL plus fort que les Etats-Unis quand Hillary Clinton faisait passer, pendant que la mission de l´UA se trouvait en Libye, au second plan le départ d´El Gueddafi en soulignant «le caractère non négociable d´un cessez-le-feu». Mieux et pas plus tard qu´hier, l´agence Reuters a fait état d´une déclaration, dont elle détient une copie, du CNT qui demande à B-HL d´agir pour que «la communauté internationale, sauf à se déjuger, doit continuer à nous venir en aide, pas seulement grâce aux avions mais sous forme d´équipements et d´armements». Exactement ce que disait Alain Juppé le 29 mars dernier. «La France est prête à discuter avec ses alliés d´une aide militaire aux rebelles», avait-il déclaré. Enfin, toute la feuille de route lue à TF1 par B-HL depuis Benghazi le 5 mars dernier. Un B-HL qui semble «écouté» par l´UE qui planchait hier sur un projet de mission «militaro-humanitaire» en Libye. Voilà pourquoi l´UA ne pouvait rien obtenir du CNT à Benghazi. C´est B-HL qui est à la barre! Uniquement philosophe cet homme-là?