Le panel africain composé de quatre chefs d'Etat africains et du ministre des Affaires étrangères d'Ouganda, a connu un succès mitigé en Libye ne remplissant pas totalement sa mission. Suite à leur entretien, qui a duré la nuit de dimanche à lundi, avec le guide de la Révolution libyenne, les membres du panel de l'Union africaine, ont réussi à persuader El Gueddafi d'accepter la feuille de route pour la paix qu'ils ont élaborée au mois de mars dernier. Mouamar El Gueddafi a donc accepté hier une «feuille de route» pour la paix prévoyant un cessez-le-feu immédiat en Libye. «Le frère dirigeant a accepté la feuille de route que nous lui avons présentée. Nous devons laisser une chance à l'instauration d'un cessez-le-feu», a déclaré le président sud-africain, Jacob Zuma. Prié de dire si la question du départ de Mouamar El Gueddafi avait été évoquée durant les entretiens entre le dirigeant libyen et la délégation africaine, Ramtane Lamamra, commissaire de l'UA pour la Paix et la Sécurité (CPS), a indiqué qu'«il y a eu des discussions». «Je ne peux rien dire au sujet de ces discussions confidentielles car, d'abord, je n'y ai pas participé, et je pense que leur contenu doit rester entre les parties impliquées», a-t-il expliqué au cours d'une conférence de presse. Ce succès du panel africain a toutefois été atténué par le rejet par la rébellion libyenne du cessez-le-feu proposé par l'Union africaine (UA), se disant opposée à toute médiation ne prévoyant pas un départ de Mouamar El Gueddafi, a indiqué son chef Moustapha Abdeljalil lors d'une conférence de presse à Benghazi. «L'initiative qui a été présentée aujourd'hui est dépassée. Le peuple réclame le départ de Mouamar El Gueddafi et de ses fils», a déclaré M.Abdeljalil. Toute initiative ne tenant pas compte de cette demande n'est pas digne de «considération», a-t-il ajouté. «El Gueddafi et ses fils doivent partir immédiatement s'ils veulent avoir la vie sauve», a-t-il insisté. Il s'exprimait après des discussions hier, en fin de journée, avec la délégation du panel africain présent depuis dimanche en Libye et mandaté par l'UA pour plaider en faveur d'un cessez-le-feu dans le cadre d'une «feuille de route» acceptée la veille par le colonel El Gueddafi. Cette feuille de route prévoyait la cessation immédiate des hostilités, un acheminement facilité de l'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue entre les parties libyennes en vue d'une transition. Cette décision était prévisible et attendue. Effectivement, les rebelles ont déclaré clairement dimanche qu'ils conditionnaient le cessez-le-feu par le départ d'El Gueddafi. En réaction à l'acceptation d'El Gueddafi d'appliquer un cessez-le-feu, et avant la fin de la réunion avec les membres du conseil national de transition (CNT), le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a pris les devants en précisant, hier, en début d'après-midi que «tout cessez-le-feu» qui interviendrait en Libye comme celui proposé par l'Union africaine devrait être «crédible et vérifiable». Pour être acceptable, ce cessez-le-feu devrait «remplir trois conditions», a-t-il déclaré: «premièrement qu'il soit crédible, incluant une protection efficace de la population civile, deuxièmement, qu'il puisse être supervisé et contrôlé efficacement, et enfin qu'il favorise un processus politique visant à appliquer les réformes politiques nécessaires et à satisfaire les désirs légitimes de la population libyenne». Ces précisions surviennent suite aux multiples cessez-le-feu annoncés par le régime d'El Gueddafi depuis le début des événements en Libye le 15 février et n'ont pas été suivis d'effet, a-t-il précisé.