L'émission, selon son concepteur, tentera d'approcher une ville sans “céder au spectaculaire” ni à “la nostalgie marketing” et sans “se contenter d'une vision simpliste de l'Algérie”. “En travaillant à Alger, je me suis retrouvé avec tout l'imaginaire complexe qu'un Français de 55 ans peut avoir quand il pense à l'Algérie. Cet imaginaire est enrichi de millions d'images, de préjugés, de culpabilité, de réflexion complexe… C'est un combat pour essayer d'avoir une vision la plus honnête de ce que nous aurons à voir et à montrer.” C'est ce qu'a déclaré, hier, Frédéric Mitterrand, lors d'un point de presse tenu à l'issue de quatre jours de travail dans la capitale, pour l'enregistrement de son émission 24 heures à Alger. Selon lui, l'émission en question sera diffusée sur la chaîne française TV5 les 28 et 29 juin prochains et tentera d'approcher une ville sans “céder au spectaculaire” ni à “la nostalgie marketing” et sans “se contenter d'une vision simpliste de l'Algérie”. “Je n'ai aucun message à transmettre ni aucune leçon à donner à qui que ce soit”, a révélé le réalisateur. Puis de corriger plus loin : “Je n'ai pas de message politique à donner. J'apporte un témoignage (…). Je ne suis pas journaliste. Je ne suis pas bon pour apporter la contradiction chez les gens. En revanche, je sais très bien écouter. J'ai donc essayé de transmettre un certain nombre d'émotions”. Frédéric Mitterrand a ainsi préféré “faire un état des lieux”, qui l'a aidé personnellement à découvrir une Algérie “rude, plus rude” qu'il ne l'imaginait et une réalité “trilingue” : arabophone, berbérophone et francophone. Le concepteur et présentateur du cercle des 24 heures s'est longuement attardé sur le programme réservé à Alger, rappelant que celui-ci consacrera plusieurs documentaires, notamment à la Guerre d'indépendance, à la décennie écoulée et “à la vie de plusieurs enfants de terroristes et de victimes du terrorisme obligés de partager la même classe”. Deux films sont également prévus, dont l'un est consacré à l'écrivain Kateb Yacine. Des rencontres sont, par ailleurs, programmées, style “salons”, qui accueilleront des personnalités pour parler de l'enfance, de la littérature et du cinéma, aux côtés de “rencontres individuelles” de près de 10 minutes, devant servir de “repères pour les téléspectateurs”. “L'image de l'Algérie sera un tant soit peu complétée et élargie”, a promis M. Mitterrand, reconnaissant, néanmoins, qu'il n'a pas fait le tour de toutes les questions sur l'Algérie. “J'ai le sentiment qu'il y a une approche différente et qu'elle en appelle d'autres”, a-t-il précisé. Interrogé sur le regard qu'il porte à présent sur l'Algérie, le réalisateur a préféré s'en tenir à ses émotions. Il n'empêche qu'il a bien saisi la “puissance superlative” que représente l'Algérie, mais aussi le rôle de l'islamisme “très manifeste ici plus que dans les autres pays”. D'où, ce message délivré par Frédéric Mitterrand à la fin du point de presse : “La chance d'une société réside dans l'égalité entre les hommes et les femmes. Et toute société qui n'assure pas cette égalité va encore souffrir.” H. A.