Le salut de l'université passe par la consécration du principe de gestion démocratique. La tension est montée de plusieurs crans, hier, à l´université de Béjaïa. Les étudiants ont investi la rue dans une action de protestation qui n´a de valeur que celle d´illustrer le marasme qui règne en maitre dans cette institution. Paradoxalement, c´est au moment où les autres universités du pays renouent peu à peu avec la sérénité, à Béjaïa, la colère reprend de plus belle. La grogne est toujours de mise dans cette institution forte de plus de 40.000 étudiants. La tension s´est exacerbée pour se traduire, sur le terrain, par une manifestation qui n´a pas manqué de bloquer toute la ville de Béjaïa. Cette manifestation fait suite à la convocation par la justice d´un étudiant en droit. Hier, les protestataires ont dit haut et fort que «la place de leurs camarades est dans les amphithéâtres de l´université et non en prison». «Recteur bara (recteur dehors), était le slogan principal scandé à tue-tête devant le siège de la wilaya où s´est tenu un sit-in. Au cours de ce rassemblement, les étudiants ont exigé la satisfaction de leurs revendications (socio-pédagogiques) ainsi que le départ immédiat du recteur». Faute de quoi, les étudiants frondeurs ont promis le retour à la charge, au quotidien s´il le faut. Leur détermination était claire, notamment pour la levée des sanctions disciplinaires et les poursuites judiciaires qui pèsent sur leurs camarades. L´escalade des accusations entre étudiants et responsables se poursuit, donc comme un feuilleton qui, chaque jour, apporte son lot d´événements de mauvais augure. Entre un recteur qui maintient mordicus, la traduction de 11 étudiants devant le conseil de discipline, et une coordination estudiantine qui n´exige pas plus que l´annulation de ces poursuites, le pourrissement s´installe avec le risque d´une année blanche pour la communauté estudiantine. Même si la protestation et les revendications locales ne sont pas partagées par tous, il reste que certains étudiants, soutenus par certains enseignants, réclament la tête du recteur. La saisine de la justice et la convocation de 11 étudiants en conseil de discipline après l´incendie survenu la semaine passée dans les locaux de l´administration du rectorat, était le goutte qui a fait déborder le vase. Les réactions estudiantines sont tombées en cascade. Outre le rassemblement permanent devant le rectorat afin d´empêcher la tenue du conseil, les étudiants sont sortis hier pour une démonstration de force. De l´avis des observateurs la réponse à cette exigence, à savoir l´annulation des sanctions et autres poursuites judiciaires, suffirait largement à apaiser les esprits. Il est utile de rappeler que les enseignants comptent, pour leur part, organiser un rassemblement aujourd´hui devant le rectorat pour exprimer leur «soutien» aux étudiants. Il en sera de même concernant l´exigence de «l´annulation des poursuites judiciaires et la mise en place d´une commission d´enquête indépendante». Les enseignants se disent «convaincus que le salut de l´université passe par la consécration du principe de gestion démocratique».