Nuancée est la position de la Cadc par rapport à l'offre de dialogue d'Ouyahia. En effet, malgré le «oui, mais...», certes balisé par la pose de préalables, arraché au forceps lors du conclave d'Azazga, le 6 juin dernier, les ârchs de la wilaya de Tizi Ouzou cultivent, jusqu'à présent, le mystère et l'ambiguïté quant à une position tranchée et définitive qui sera soumise à la plénière, lors du conclave interwilayas jeudi, à Amizour (Béjaïa). A ce titre, le sentencieux «retour à la base» préconisé à Azazga semble, aujourd'hui, dépassé par l'imparable jeu de coulisses, l'énormité des enjeux et l'attrait des dividendes. A ce titre, hier, à Tizi Rached, lors du conclave extraordinaire, la cacophonie était générale et la dissension visible. Ainsi, les débats étaient orientés à l'avance. Dans ce sens, entre le radicalisme de certaines coordinations qui soutiennent, au-delà de toute surenchère, que le pouvoir n'a pas fourni suffisamment de gages pour mettre en évidence sa bonne volonté de solutionner la crise, et la permissivité d'autres coordinations ouvertes à tout dialogue «s'il est dépourvu d'entourloupe» et qui reflète, selon elles, le véritable pouls politique de la Kabylie, le fossé est patent. De ce fait, la Cadc risque de se déplacer en rangs dispersés à Amizour, tant la position adoptée n'est pas consensuelle. C'est dire que la fâcheuse expérience du conclave interwilayas de Yakouren, en février dernier, lorsque les clivages autour des perspectives politiques ont failli battre en brèche l'union du mouvement, risque de se reproduire. Un constat qui amène certains observateurs à dire que le concalve d'hier était de trop puisque la position de la Cadc est contenue dans la déclaration qui a sanctionné le conclave d'Azazga. Un seul point était inscrit à l'ordre du jour du conclave d'hier, à savoir l'évaluation de la concertation avec la base. Un conclave auquel ont pris part 44 coordinations et dédié à la mémoire de Matoub Lounès. Cependant, les différentes interventions ont étrangement évacué ce point et ont pris une autre tournure pour se transformer en houleux tiraillements internes. A cet effet, un délégué de Boudjima, qui a accusé certains délégués d'obéir à des cercles occultes, a soulevé un tollé général parmi les présents particulièrement parmi la coordination de Tizi Ouzou. Bélaïd Abrika, visiblement excédé par ces attaques, a quitté la salle et il a fallu beaucoup de tact pour le persuader de revenir à de meilleurs sentiments. Dans la foulée, l'intervention de Khaled Guermah retiendra l'attention. Le père de Massinissa, qui a averti contre toute tentative de récupération ou de manipulation politique, a en même temps rendu hommage à Ouyahia «qui a eu le courage politique de reconnaître la légitimité du mouvement et de son combat». D'autres intervenants ont estimé que la présidence tournante devrait renforcer la déclaration établie à Azazga en prenant compte de deux nouveaux paramètres que sont la libération de détenus et l'avis de la population. En parallèle, d'autres coordinations ont exigé de la présidence de la République de rendre public un communiqué dans lequel elle reconnaît la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur, l'abandon de toutes les poursuites judiciaires à l'encontre des délégués et des manifestants, a été également soulevé. C'est dire que contrairement à la Cicb ou à la Ccwb, la Cadc place la barre très haut avant l'entame de tout contact avec le pouvoir. Ce qui ne manquera pas d'entraver le déroulement du conclave d'Amizour, lorsqu'on connaît le poids de la Cadc au sein de la structure citoyenne. A l'heure ou nous mettons sous presse, le conclave de Tizi Rached se poursuivait et aucune position n'a été tranchée.