La période de dégel semble être enclenchée entre les ârchs et le pouvoir. L'appel au dialogue formulé par deux fois, devant l'APN, par le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a, apparemment, reçu sinon un écho très favorable, du moins un intérêt certain de la part des ârchs. La Cadc de la wilaya de Tizi Ouzou s'est réunie en session extraordinaire, vendredi à Azazga pour examiner la position à prendre face à l'invitation de M.Ouyahia. Plus que lors des autres rencontres de la Cadc, celle de vendredi a réuni plus de cinquante délégations. Ce qui démontre l'importance du conclave. Les débats ont été, au moins houleux, les violences verbales ayant, par moments, atteint de grandes proportions. Les intervenants ont, à chaque fois, privilégié l'analyse de la démarche du pouvoir et cherché à mieux situer cette invitation au dialogue. Beaucoup de délégués ont fait montre d'une certaine réserve. C'est que le précédent des délégués taiwan, des délégués dialoguistes a laissé une empreinte indélébile dans les esprits. Dans la déclaration clôturant les travaux du conclave d'Azazga et rendue publique dans la matinée d'hier, la Cadc commence par se poser la question du «crédit qu'il faut accorder à une offre de dialogue faite en déphasage avec toutes les précédentes invitations biaisées, empreintes d'ambiguïté et de langue de bois». Après avoir pris acte de cette «invitation» la Cadc souligne «la réalité amère du terrain qui se caractérise par l'emprisonnement de (nos) camarades (...) le harcèlement judiciaire et la répression subie par les délégués et les citoyens». Comme la Cadc note que «la volonté politique réelle de satisfaire pleinement et entièrement les revendications citoyennes contenues dans la plate-forme d'El-Kseur, n'est point perceptible», affirmant que «le mouvement n'a jamais cultivé de tabou par rapport au dialogue», la déclaration des ârchs pense que «dans notre pays, la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés n'a fait que s'exacerber au fil du temps». Et les ârchs d'expliquer que «par fidélité au principe du respect de la population (...) une large concertation avec les citoyens, seuls habilités à se prononcer (...) s'impose». «Car, pour la Cadc, la décision à adopter, pour être à la hauteur des enjeux et des défis de l'heure, ne peut être que lourde de conséquences». Contacté, M.Rabah Issadi, de la coordination de Maâtkas et membre de la présidence tournante, avoue que «les débats ont été aussi âpres que houleux». Pour lui, «le consensus réalisé autour du oui, mais!» a été très laborieux. Le délégué évoque la nécessité du retour à la base, et attend des positions futures du pouvoir: libération des détenus, cessation de poursuites judiciaires contre les délégués et reconnaissance de la plate-forme d'El-Kseur désormais «expurgée» du qualifiant «scellée et non négociable», autant de tests pour le pouvoir...M.Issadi qui note «une évolution certaine dans le discours du pouvoir souligne, cependant, que le Chef du gouvernement a fait part de menaces à peine voilées!», qui dénotent «le naturel» des gouvernants, même s'il reconnaît à M.Ahmed Ouyahia, «le courage politique pris en s'adressant directement aux délégués des ârchs». M.Issadi relève que dans son discours «M. Ouyahia n'a rien dit sur la plate-forme d'El-Kseur, bien mieux, il a été clairement annoncé, que les revendications ont été substantiellement satisfaites antérieurement. Probablement que le Chef du gouvernement entend ainsi baliser l'éventuel dialogue». Le mouvement des ârchs a fait, lors du conclave d'Azazga, une «grosse concession» dans le but de permettre aux choses d'avancer. En effet, la fameuse plate-forme d'El-Kseur, n'est plus «scellée et non négociable». Une concession, il faut le dire, difficilement arrachée au conclave. Enfin, la Cadc déclare avoir opté pour le report des actions entérinées d'abord, pour s'occuper des sinistrés et acheminer vers les régions meurtries, les dons, puis pour ce qui est de cette semaine et la suivante afin de permettre au baccalauréat d'abord et au BEF ensuite, de se dérouler dans le calme. Les actions de protestation, et les sit-in devant le tribunal de Tizi Ouzou, ne reprendront que le 20 juin.