C'est à cause de négligences gravissimes des départements de la santé, de la solidarité et de la Cnas que des bébés contractent des maladies parfois incurables. Le handicap périnatal représente entre 50 à 60% des handicaps chez l´enfant algérien. Ce chiffre qui donne froid dans le dos, a été communiqué hier par le professeur Arada de CHU Parnet. Dans ce contexte, la Fédération algérienne des personnes handicapées (Faph) appelle à l´intervention en urgence des départements de la santé, de la solidarité et de la Cnas. De l´avis de tous les spécialistes, intervenus lors de la rencontre qu´a abritée l´Institut national de la santé publique à Alger, ces trois maillons (de la santé publique) partagent la responsabilité d´une situation qualifiée de «dramatique». En effet, c´est d´un drame qu´il s´agit. C´est à cause de négligences gravissimes que des bébés contractent des maladies parfois incurables. Des nouveau-nés sont devenus, quelques semaines après leur naissance, épileptiques, sourds, hémiplégiques,...«L´urgence est de créer des structures multidisciplinaires pour prendre en charge les nouveau-nés à haut risque», a insisté le Pr Haridi du CHU de Beni Messous. Elle a mis également en relief la formation dans la prise en charge précoce et ces spécificités. «C´est un autre cheval de bataille», résume la spécialiste. Enfonçant le clou, elle relève les difficultés d´accès aux soins. Comme une tare, elles retardent l´évolution des malades. Intervenant au cours de la rencontre, Mme Amrani, mère d´une petite fille victime d´un handicap périnatal raconte: «Ma fille ne marche pas. Les attelles coûtent 9 millions de centimes, les chaussures 2.6 millions...». La maman ne peut achever son témoignage s´effondrant en larmes. La gorge nouée, elle ajoute: «Je demande uniquement qu´on soigne ma fille qui dispose pourtant d´une carte de handicapée depuis un an et elle va à l´école comme l´ensemble des filles». Quant à Belkadi Nawel, elle a dénoncé l´absence de matériel adéquat à l´hôpital de Ben Aknoun qui aurait permis à sa fille âgée de deux ans de suivre les meilleurs soins. «A l´hôpital, je ne trouve rien», dit-elle. Tout en ayant de la volonté et de l´attitude, cette jeune dame affirme avoir une seule obsession, «la prise en charge de sa fille à l´étranger». Dans sa brillante communication, le Pr. Haridi a relevé le taux élevé des échecs scolaires dus aux handicaps périnatals. Et de déplorer l´absence de centres spécialisés prêts à prendre en charge cette frange. Car il suffit d´avoir ces structures, souligne le professeur, pour que la réussite devienne possible. Mais la réalité est douloureuse. Des milliers d´enfants souffrent en silence. Pourtant, «ils ont toutes les possibilités de s´insérer socialement», dénonce Mme El Amri Atika, présidente de la Faph. Tous les partenaires, dit-elle, doivent s´impliquer. Les statistiques montrent que l´Algérie cumule un retard flagrant par rapport à la Tunisie et d´autres pays voisins. A cela, Mme El Amri propose «une prise en charge gratuite de tout enfant néo-natal». Evoquant les raisons de ce handicap, une médecin de l´hôpital ex-Belfort relève, outre les césariennes «aléatoires», «le retour des mariages consanguins».