L'art contemporain dans tous ses états Un trio infernal de plasticiens. Trois expositions en une, réalisée par trois artistes-peintres des plus singuliers. Voilà ce que nous propose la galerie du Sacré-Coeur jusqu'au 7 mai. Yacine Aïdoud, «beausariste»» est un habitué des lieux. Il revient avec une nouvelle expo composée de 14 oeuvres. La différence avec ses anciennes toiles, est l´introduction du rouge vif et l´aération de ses tableaux. On y découvre du graphisme, certes, mais moins qu´avant. Yacine reste fidèle à son format de tableaux en longitude avec technique mixte et gravures mélangées à de la peinture. A l´intérieur, on y distingue des figurines, des croix et ce mot «stop». De la peinture engagée, qui fait état de ce qui a secoué récemment l´Afrique à savoir, ces révolutions arabes. Les revendications du peuple sont ainsi mises en filigrane à travers ce tableau intitulé «Colère africaine». Un autre tableau met en scène des personnages debout, prêts à marcher. Son nom «Peuple d´Afrique debout». «Les croix signifient des négations. Non à un système, et des revendications», confie Yacine Aïdoud. Juste à côté, une autre forme de peinture vient chatouiller notre regard. Ici cela rappelle un peu les empreintes des fossiles. «Pour évoquer nos ancêtres. C´est comme de la gravure». Et de faire remarquer: «Je viens de créer un groupe d´artistes qui s´appelle Jeune création algérienne´´. Dans le futur, nous allons faire une exposition et ça va être quelque chose de grandiose. Le groupe est composé de jeunes créateurs algériens qui ont moins de 35 ans. Des artistes plasticiens, musiciens, cinéastes, les jeunes élites. Je suis membre fondateur du groupe. C´est pour montrer qu´il y a du potentiel en Algérie, chez notre jeunesse qui excelle..On est là pour bosser. On prépare une expo, des projets, ce n´est pas une association, on prépare une expo qui sera itinérante. Elle va voyager à l´intérieur du pays». Pour sa part, Waleed est présent avec sept oeuvres. Du figuratif décliné en couleur gris bleuté. Designer de formation, Waleed prône «la déconstruction» dans son travail. «L´architecture m´influence beaucoup, dit-il. D´où les lignes de juxtaposition des plans que l´on décèle. Pour ce faire, Waleed a choisi la technique mixte et l´ acrylique. Sa peinture est composée de paysage urbains (trois) sombres.. «La peinture, on l´ignore. On doit l´intégrer et l´associer à un contexte. C´est la même gamme de couleurs qui revient. C´est ma palette, le bleu», confie-t-il. Dans un autre registre, la peinture est mêlée à un nouveau élément, le graphique, des lettres indéchiffrables et des plans. Le titre c´est «strates de la mémoire». Un grand tableau au milieu duquel, c´est peint en rouge. «A la base c´était un autre sujet que j´ai déconstruit pour mieux construire. Au départ, le support était vierge, bien sûr. Mais ma méthode est comme ça. C´est la même technique pour les portraits... le souci principal dans mon travail est de savoir s´arrêter au bon moment.» De son côté, Djamel Agagnia peint des personnages un peu étranges dans un style un peu figuratif, mais déformé. Ce sont des scènes du quotidien entre familles qui sont mises en exergue. Des êtres très contrastés avec des traits expressifs. Inquiets. «L´objectif est de créer une atmosphère pour mes personnages, l´essentiel ce sont eux», avoue l´artiste. C´est le visage qui compte au détriment du corps qui semble couler en longueur. «A chaque fois, j´essaie de créer un espace pour donner de la profondeur à l´expression.» Dans le tableau «Chacun son égo» chaque espace renferme un personnage. Outre le regard, l´artiste met l´accent sur la forme à laquelle il accorde une grande importance. «La femme enceinte, c´est en quelque sorte une déformation du corps. Pour déstabiliser le regard. Avec des contrastes, je travaille avec de l´acrylique, sur toile et sur bois et je travaille aussi en mélangeant le dessin et la peinture. (aquarelle)», explique-t-il. Voilà ce que nous propose la galerie du Sacré-Coeur jusqu´au 7 mai. Des tableaux de différents formats, de couleur et des visions des plus originales les unes que les autres.