Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, dont le départ est prévu par un plan des monarchies du Golfe, a menacé de ne pas signer cet accord et accusé le Qatar de «complot», dans une déclaration publiée hier. «Des contacts sont en cours pour la signature lundi à Riyadh (...). Mais nous avons des réserves sur certains médiateurs du Conseil de coopération du Golfe (CCG), impliqués dans un complot», a déclaré M.Saleh dans une interview à la chaîne Russia Today, publiée par les médias locaux. Le président yéménite a cité le Qatar: «C´est l´Etat du Qatar qui finance actuellement le chaos au Yémen ainsi qu´en Egypte et en Syrie et partout dans le Monde arabe». «Nous nous réservons le droit de ne pas signer si des représentants du Qatar étaient présents» à la cérémonie, a menacé M.Saleh. Les chefs de la diplomatie du CCG (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) doivent se réunir demain à Riyadh pour finaliser les dispositions du plan sur une transition du pouvoir au Yémen, avant de le soumettre en principe à la signature du régime et de l´opposition yéménites. La médiation du CCG, lancée début avril, avait provoqué alors une crise diplomatique entre Doha et Sanaa, qui avait rappelé son ambassadeur au Qatar pour protester contre une déclaration du Premier ministre qatari, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, appelant au départ de M.Saleh. «Ils (les Qataris) ont beaucoup d´argent et ils sont peu nombreux (...). Ils veulent s´imposer comme une grande puissance dans la région (...) grâce à la chaîne Al-Jazeera», a-t-il dit dans une attaque virulente contre le Qatar, un petit pays de quelque 1,6 million d´habitants, dont quelque 200.000 Qataris, riche en gaz naturel et en pétrole. La chaîne Al-Jazeera du Qatar, qui a révolutionné l´audiovisuel dans le monde arabe depuis sa création en 1996, assure une large couverture des mouvements de protestation dans le monde arabe, qui ont déjà balayé les présidents tunisien et égyptien. Les monarchies du Golfe, inquiètes de l´instabilité au Yémen, parent pauvre de la Péninsule arabique, ont élaboré un plan prévoyant la formation par l´opposition d´un gouvernement de réconciliation nationale, puis la démission un mois plus tard, avec une garantie d´immunité, du président Saleh. Une élection présidentielle devrait ensuite avoir lieu dans les 60 jours. Les manifestations réclamant le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, durent depuis fin janvier et ont fait plus de 145 morts.