«La France a toujours été une terre d'asile, d'accueil, c'est notre tradition, notre honneur», a déclaré le président du Conseil constitutionnel. Le ministre français de l´Intérieur a été recadré au moment où la Commission européenne donnait son feu vert pour un amendement du traité de Schengen. La voix du président du Conseil constitutionnel s´est élevée alors qu´un fort sentiment d´intolérance, de stigmatisation, cible des Français d´origine africaine et musulmane. Une bouffée d´oxygène, en ces temps qui courent. «Il faut accepter l´immigration légale...conformément à la tradition française. Et nous avons besoin d´immigration. La France a toujours été une terre d´asile, d´accueil, c´est notre tradition, notre honneur. Simplement, il faut que les hommes et les femmes qui viennent sur notre territoire respectent les lois de la République», a déclaré, dimanche, l´ancien président de l´Assemblée nationale française sur les ondes de Radio J. Le ministre de l´Intérieur n´a pas caché, le 15 avril dernier, son objectif de réduire l´immigration légale. Il a annoncé vouloir faire passer «dans un premier temps» de 200.000 à 180.000 le nombre d´étrangers admis sur le territoire français. «Aujourd´hui, il y a à peu près 200.000 étrangers supplémentaires (par an) qui sont autorisés à séjourner en France...Mon objectif, c´est de réduire ce nombre de 20.000, c´est-à-dire de passer de 200.000 à 180.000, dans un premier temps», avait révélé Claude Guéant tout en promettant, devant les élus du Palais du Luxembourg (le Sénat français), qu´il ferait dans les prochains jours des «propositions de réduction du nombre de titres de séjour». Une erreur, estime le président du Conseil constitutionnel, qui s´érige désormais en rempart contre une certaine dérive parlementaire même s´il a tenu à préciser qu´il s´exprimait à titre personnel. Et que pense-t-il du débat sur la laïcité et l´Islam qui a été organisé par sa famille politique (l´UMP)? «Notre société repose sur le principe de la laïcité. Pourquoi le réaffirmer, pourquoi essayer sans arrêt de montrer qu´il a changé? Non, faisons en sorte de dire que les lois fondamentales qui ont fondé cette laïcité sont toujours d´actualité, un point c´est tout», a souligné l´ancien ministre de l´Intérieur de Jacques Chirac qui a voulu apaiser les tensions. Les propos tenus par Claude Guéant au début du mois d´avril avaient choqué. «En 1905, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd´hui il y en a entre 5 et 10 millions... Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème. Il est clair que les prières dans les rues choquent un certain nombre de concitoyens. Et les responsables des grandes religions ont bien conscience que ce type de pratiques leur porte préjudice», avait affirmé le successeur de Brice Hortefeux à la Place Beauvau, en marge d´un déplacement effectué à Nantes (Loire-Atlantique). «Arrêtons de faire de la gesticulation législative. La laïcité, il faut l´enseigner à l´école, car la laïcité, c´est la tolérance, le respect de l´autre», a recommandé Jean-Louis Debré qui a affiché son opposition contre une éventuelle proposition de résolution parlementaire rappelant les principes de la laïcité. Une position qui fait contrepoids aux dérives verbales racistes qui foisonnent en ce début de campagne présidentielle, lancée prématurément, et qui oscillera inévitablement autour de l´immigration. «Il nous paraît capital, pendant cette période préélectorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation», ont prévenu les représentants bouddhistes, catholiques, juifs, musulmans, orthodoxes et protestants de la Crcf, la Conférence des responsables de culte en France, à la veille du débat de la honte qui n´aura finalement vécu que trois petites heures, le 5 avril dernier. La mèche peut cependant être rallumée à tout moment...