le port du foulard représente une atteinte à la laïcité et à la neutralité de l'école publique. De la décision prise en 1989 en France, par trois jeunes filles de confession musulmane de se présenter dans leur collège coiffées d'un «foulard» allait naître l'une des plus importantes polémiques qu'a pu connaître l'école publique depuis de nombreuses années. Le proviseur estime que le port du foulard représente une atteinte à la laïcité et à la neutralité de l'école publique. Le 23 mars 2002, plus de treize ans après la première «affaire», le problème s'est une fois de plus posé dans une école parisienne. En avril 2003, le ministre de l'Intérieur provoque un tollé général quand il annonce à la tribune d'une des organisations musulmanes que le foulard doit être enlevé pour prendre une photographie d'identité. A ce titre, il nous a paru indiqué de fixer les termes du débat sur la laïcité en faisant d'abord appel aux référentiels historiques qui demeurent encore la matrice de ce concept de laïcité en France. Au Moyen Age, à l'époque où le christianisme était hégémonique, le laïc désignait simplement celui qui avait été admis par la grâce du baptême dans la communauté des fidèles, tandis que le clerc était celui qui, ayant reçu les premiers ordres, faisait partie de la hiérarchie de l'Eglise. Lorsque le fait religieux perdit de son importance, le terme laïc désigne celui qui ne se réclame d'aucune appartenance religieuse. L'institution de cette religion d'Etat en France, caractéristique de l'Ancien Régime, était fondée depuis 1515 sur le concordat conclu à Bologne entre François Ier et Léon X. Ce concordat reconnaissait une place prééminente dans l'Etat à l'Eglise catholique : elle formait un ordre privilégié, ses biens étaient exemptés d'impôts, des missions de service public lui étaient confiées. Cependant, l'Edit de tolérance de 1787 opéra la laïcisation de l'état-civil avec l'instauration du mariage civil. La Révolution constituera une nouvelle étape en tentant de mettre fin à l'emprise que l'Eglise exerçait sur les esprits et les constitutions. Le message nouveau proclame la tolérance universelle, dissocie la morale et le dogme, conçoit et propose une honnêteté naturelle indépendante. Dans le domaine de l'enseignement, la Révolution va permettre une première traduction concrète d'une laïcisation de l'école. L'instruction, un des grands enjeux nationaux, va ainsi, à partir de cette époque, constituer le terrain privilégié des luttes pour la conquête laïque. Pendant des siècles, l'enseignement a été considéré en France comme l'un des aspects du rôle social joué par l'Eglise. A partir de la Révolution, ce monopole de fait de l'Eglise est battu en brèche.