Dans un discours attendu sur la laïcité en France, Jacques Chirac a évoqué en particulier le port du voile à l'école. «Il serait réducteur de croire que la question de la laïcité ne se pose qu'à propos des Français de confession musulmane», a-t-il indiqué. Au-delà des manifestations d'intégrisme religieux, la laïcité française est menacée par les replis identitaires, le communautarisme et la ghettoïsation. Ainsi, le président français ne semble pas partager l'empressement dont font montre certains politiques de l'Hexagone. En effet, l'affaire du «foulard islamique» a déchaîné les passions à plusieurs reprises en France. Tantôt des enseignants, tantôt des proviseurs de lycée, ont fait parler d'eux en refusant l'accès aux établissements scolaires de jeunes filles ayant adopté le hidjab comme tenue vestimentaire. Jacques Chirac demande en ce sens à la commission Stasi de mener une réflexion non pas simplement philosophique, juridique ou historique sur la laïcité, mais d'en évaluer aujourd'hui les «traductions concrètes». Dans sa composition même, la commission représente ainsi un réel équilibre entre intellectuels et praticiens. Parmi ceux-ci, on notera la présence d'une proviseur de lycée, de deux responsables associatifs mais aussi de deux maires. Autant d'acteurs de la société qui sont en relation directe avec les Français, notamment ceux de confession musulmane. En annonçant la couleur, Jacques Chirac entend élargir le débat sur la question de la laïcité et non plus la confiner dans la lutte contre des «manifestations ostentatoires», comme s'entêtent à le faire de nombreux politiciens français vraisemblablement intéressés. Avant la fin de l'année, la commission devra présenter des propositions au chef de l'Etat qui n'a pas exclu hier «toute initiative législative». Une petite révolution en somme, puisque les textes légiférant le concept de laïcité en France datent du début du XXe siècle. La Commission Stasi, qui ne compte en son sein aucune personnalité religieuse, mais dont la composante émane de toutes les confessions, entame ses travaux dans un environnement politique enrichi par la création du Conseil du culte musulman de France. Ce dernier n'a, sans doute, pas l'intention de se taire dans la polémique du «foulard». Aussi, les observateurs attendent avec impatience les conclusions de la Commission sur la laïcité en France et son pendant les textes législatifs. Fermera-t-on une bonne fois pour toutes le dossier du «foulard islamique»?