Le barde kabyle a été le centre des journées poétiques organisées par le théâtre d'Alger. Kateb Yacine disait de lui «il est incontestablement notre plus grand poète». Il chante l'amour et la liberté, et crie le désarroi de sa société. La puissance de ses poèmes réside dans la qualité de ses textes, la force du verbe et du mot. Mieux encore, la consistance de sa poésie face à ses complaintes ne laisse personne indifférent Il s'agit bel et bien du chantre Lounis Aït Menguellet, le maître de la chanson kabyle. L'Algérie du poète est le titre de la pièce théâtrale qui a été présentée, mercredi au Théâtre national algérien (TNA). Aujourd'hui, et pour la première fois, le metteur en scène Ahmed Khoudi a présenté d'une manière plutôt originale Aït Menguellet dans l'espace théâtral. Ainsi à partir d'un corpus d'une vingtaine de poèmes écrits par le barde kabyle entre 1969 et 2001 et traduit, en français par Ahmed Ammour, M.Khoudi a su concevoir une mise en scène théâtrale sur la base de textes poétiques y intégrant les conditions des personnages et des situations. La pièce a été interprétée magistralement par trois jeunes comédiens, Rym Tachkout (l'héroïne du feuilleton algérien Hanane Imraâ), Fatteh Kafi et Foudil Assoul, étudiants à l'Institut national des arts dramatiques de Bordj El Kiffan, avec la participation du guitariste virtuose Hocine Ouhayoune travaillant actuellement avec Aït Menguellet. Quand bien même la difficulté du texte se faisait sentir, les comédiens ont su avec dextérité interpréter le rôle qui leur a été donné.L'oeuvre a été interprétée en français avec quelques passages en kabyle, elle est accompagnée toutefois de morceaux de musique et de chants. De fait, les comédiens devaient maîtriser les deux langues tout en respectant le tempo des verbes et le message du poète. Très connu pour son esprit critique, à travers L'Algérie du poète, le metteur en scène a essayé de restituer fidèlement les idées de Ait Menguellet, pourfendant l'injustice, le bâillonnement de la liberté, et les déchirements de l'exil. Selon Ahmed Khoudi: «L'objectif de ce texte qui a servi de base à la conception théâtrale n'est pas de le reconstituer et de redire mais d'y déceler ce qui n'est pas immédiatement perceptible à l'écoute, et qui parfois n'est pas dit avec les mots mais révélé par la manière avec laquelle ils sont dits». Concernant le côté scénographique de la pièce, une fois les comédiens choisis, et la traduction du texte faite, il fallait trouver une scénographie appropriée aux textes du poète. Abderrahmane Zaboudi a su édulcorer la scène en introduisant des couleurs et des formes adaptées à l'identité amazighe telles que la couleur bleue, le rouge... D'autre part, signalons que dans le cadre de El Djazaïr, l'Année de l'Algérie en France, L'Algérie du poète sera présentée ultérieurement en France.