Le patron du football mondial est devenu un adepte du revirement à 180°. Le tout-puissant président de la Fédération internationale de football, M.Joseph Sepp Blatter, a, peut être, en lui l'exactitude propre au Suisse qu'il est mais sur le plan des promesses il a un énorme handicap à surmonter. En tout cas, il vient de se mettre à dos les Océaniens qui l'accusent de traîtrise dans la répartition des pays qui participeront à la phase finale de la coupe du monde 2006 qui aura lieu en Allemagne. Dans un premier temps, M.Blatter, dans le souci non pas d'élever le niveau mais pour répondre à des intérêts purement commerciaux, avait envisagé de porter de 32 à 36 le nombre de participants à la phase finale du mondial, encouragé en cela par la Conmebol, la Confédération sud-américaine. Un projet très mal vu par les Européens, notamment par les Allemands, les organisateurs de l'événement en 2006. Sûr de son affaire, le président de la FIFA était parti sur le thème selon lequel chaque confédération aurait droit au minimum à un représentant direct au mondial allemand, rassurant de la sorte les Océaniens qui craignaient de voir les Sud-Américains leur «chiper» cette place ô combien importante pour eux. Cette histoire se passait au mois de décembre dernier. Les pauvres océaniens ne doutaient pas un seul instant de la bonne foi du Suisse. Mais voilà qu'à l'occasion de la réunion du comité exécutif de la FIFA samedi dans la capitale française, M.Blatter a essuyé un échec sur son projet de 36 équipes. On aurait pu penser que malgré cela il resterait sur sa promesse d'accorder à la Confédération océanienne la place qu'elle réclamait tant. Or ce n'est pas du tout ce qui s'est passé puisqu'il s'est rétracté et oblige, aujourd'hui, le représentant de cette confédération de passer par un match de barrage contre le cinquième de la Conmebol pour espérer aller en Allemagne en 2006. Inutile de dire que les Sud-Américains ont applaudi très fort ce revirement du président de la FIFA qui leur répondait, en quelque sorte, au soutien qu'ils lui avaient apporté lors de sa réélection en 2002 à la tête de cette institution. Quant aux océaniens ils y sont allés de leurs critiques acerbes. «C'est une honte. C'est immoral. C'est contraire à l'éthique sportive» ont-ils déclaré. Ceci d'autant que la FIFA a argumenté son revirement par le fait que la Nouvelle -Zélande, le représentant de l'Océanie dans la coupe des confédérations, n'a pas prouvé grand-chose. Si l'on se basait sur une telle raison, on pourrait se demander pourquoi la FIFA n'a pas songé à ajouter à l'Afrique un représentant pour le mondial 2006. Que l'on sache l'un des deux finalistes était le Cameroun, c'est-à-dire le champion d'Afrique des nations et non pas le Brésil ou la Colombie, les représentants de la Conmebol. En outre, cette Conmebol revendique 10 pays et obtient 4,5 places pour le mondial 2006. Il y a, ainsi, de grandes chances pour que cette confédération se retrouve avec 5 représentants en Allemagne c'est-à-dire 50% des pays qui la composent. C'est nettement plus que l'UEFA et ses 14 places ( dont celle accordée au pays organisateur) sur quelque 48 nations et que la CAF avec ses cinq représentants sur 51 pays. En outre en Europe et en Afrique il faudra passer par un véritable parcours du combattant pour obtenir sa place en Allemagne alors qu'en Amérique du Sud, il y aura un championnat de 10 équipes qui en qualifiera la moitié. Et en dehors des cinq grandes nations que sont le Brésil, l'Argentine, la Colombie, l'Uruguay et le Chili, le reste n'est pas d'un très grand niveau. C'est dire que ce minichampionnat sud-américain pourrait n'être qu'une promenade de santé pour les cinq nations pré-citées. Ajoutons que la Concacaf qui regroupe les Etats d'Amérique du nord, ceux d'Amérique centrale et ceux des Caraïbes qui doivent tourner autour d'une vingtaine de pays, aura 3,5 représentants avec la possibilité d'en avoir 4 en Allemagne si le match de barrage lui est favorable. On remarquera, ainsi, que l'Amérique dans son ensemble et ses quelque 30 à 35 pays pourraient avoir 9 représentants en 2006. L'Afrique et ses 51 nations engagées dans l'aventure fait de la peine avec ses cinq délégués. Le fait est que M.Blatter a décidé de ce qui est bon et de ce qui n'est pas bon, tout en distribuant ses bons points à ceux qui lui ont tendu la perche en 2002. Les Océaniens feraient mieux, ainsi, de réviser leurs classiques sur l'art et la manière de croire en une promesse même celle qui émanerait d'un Suisse.