Retour de la mobilisation à Tizi Ouzou. Un réseau spécialisé dans les enlèvements et les faux barrages a même été démantelé près de Fréha. Depuis le début du phénomène des enlèvements, c´est la première fois qu´une grève générale est décrétée au niveau du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Cette action vient confirmer un retour de la mobilisation populaire qui avait connu son summum durant les années quatre-vingt-dix, lorsque le terrorisme battait son plein. Avec le retour progressif au calme, la région a, en quelque sorte, rangé ses armes pour s´occuper et se préoccuper de la vie quotidienne. Mais, si les actions terroristes ciblant des citoyens ont pratiquement disparu depuis la fin des années quatre- vingt-dix, il n´en demeure pas moins que depuis 2006, un nouveau phénomène a vu le jour: il s´agit de celui des kidnappings qui n´épargnent aucune région des quatre coins de la wilaya. Qu´il s´agisse des zones reculées ou de la partie maritime, aucune zone n´est demeurée à l´abri de ces agressions dont les cibles privilégiées sont souvent les commerçants et les entrepreneurs. Au départ, les enlèvements étaient circonscrits à la région de Maâtkas, à un peu plus d´une vingtaine de kilomètres au sud du chef-lieu de wilaya. De 2006 à 2008, plusieurs actes de séquestration avaient été enregistrés dans les communes de cette daïra. Les otages étaient tous libérés suite aux versements des rançons exigées par les ravisseurs. Ces derniers étaient du reste très au fait de la situation sociale de leurs proies puisque devant les tentatives des familles à exprimer leur incapacité à rassembler la somme d´argent exigée, les ravisseurs livraient des informations détaillées au sujet des biens matériels des concernés. Ce détail illustre, on ne peut mieux, les complicités dont bénificient les ravisseurs. Après Maâtkas, c´est au tour des autres localités de la wilaya d´être gagnées par ce phénomène qui sème la terreur parmi les populations. D´autres daïras, à l´image de Maâtkas, sortiront de l´anonymat suite à la perpétration de ce genre d´agressions sur ses enfants. Ainsi, Boghni, Ouacifs, Fréha, Ath Douala et d´autres contrées vivront encore de pénibles moments à la suite des enlèvements de leurs poches. Devant la persistance de ce danger permanent, une réaction populaire s´imposait. Et qui d´autre que les comités de villages pouvaient porter à bras-le-corps un problème d´ordre vital devant la démission de toutes les parties concernées par la protection des citoyens. C´est la région d´Iflissen dans la daïra de Tigzirt-sur-mer qui signera la première une réplique énergique après l´enlèvement d´un restaurateur en novembre 2009. Une mobilisation sans commune mesure a suivi cette agression. Les comités de l´ensemble des villages de la région se sont organisés et se sont concertés afin de ne pas laisser la famille de l´otage seule face à cette dure épreuve. Des actions seront alors initiées par les comités de villages qui exigèrent ni plus ni moins la libération de leurs concitoyens sans aucune condition et sans versement de rançon. Cette réaction inédite a finalement payé puisque l´otage a été libéré soixante-douze heures plus tard et conformément à ce qui a été exigé par la population. Ce premier élan entraînera d´autres à l´instar de celui ayant succédé à l´enlèvement d´un commerçant dans la région de Boghni. Ce dernier a également été relâché après la mobilisation des citoyens via les comités de villages. C´est dans la région de Fréha et Aghribs que le phénomène des enlèvements connaîtra son étape la plus cruciale puisqu´il y a eu la mort d´un entrepreneur, Slimana Hend, qui a tenté de s´enfuir suite à la tentative de kidnapping l´ayant ciblé au niveau d´un faux barrage dressé près d´Aghribs. Le cousin du défunt Slimana Hend, qui était en compagnie de ce dernier, a été enlevé mais libéré juste après suite à la réaction de la population. Plusieurs actions ont été initiées suite à cela, notamment une marche populaire au niveau du chef-lieu de la daïra de Fréha. Quelques semaines plus tard, un réseau spécialisé dans les enlèvements et les faux barrages a été démantelé près de Fréha. Cela a engendré le retour d´une accalmie qui a duré plusieurs mois. Puis, le 11 mai dernier, Bilek Mourad est enlevé suivi de Hamour Ali respectivement âgés de 18 et de 71 ans. A ce jour, aucune nouvelle n´a filtré à leur sujet.