Les peuples arabes ne sont pas encore sortis de l'auberge Le Monde arabe est confronté à l'absence de politiques économiques pour sortir de la dépendance des puissances occidentales. «Les régimes arabes se conduisent selon les recommandations et les orientations chères aux néo-conservateurs américains», s´accordent à dire des chercheurs et des spécialistes des questions sécuritaires et géostratégiques, lors d´une conférence-débat, placée sous le thème: «La sécurité régionale arabe», animée hier, au siège du Centre de recherche stratégique et sécuritaire de Ben Aknoun à Alger. Intervenant lors de cette rencontre, le Pr Lahcène Laïb a soutenu que plusieurs facteurs menacent la sécurité régionale arabe. «Ils sont d´ordre interne et externe. La sécurité régionale est une affaire interne des Etats de la région, car elle relève de la capacité de ces Etats à gérer positivement leurs problèmes politiques, économiques et régionaux, sans pour autant faire appel aux puissances étrangères.» Dans cette optique, M.Laïb a souligné que le Monde arabe est, aujourd´hui, «confronté à l´absence de politiques économiques permettant son développement et de sortir de la dépendance des puissances occidentales, assurant ses besoins sur tous les niveaux». Donc, «il y a menace à sa sécurité», a-t-il déduit. A cela s´ajoutent, selon lui, les crises politiques nées à la suite du maintien des régimes sclérosés au pouvoir, lesquels refusent d´offrir des alternatives à d´autres forces politiques nationales. Pour ce qui est des dangers externes, il a énuméré la criminalité transnationale largement répandue dans le Monde arabe, la répression des peuples par leurs propres régimes et le terrorisme constituant des voies propices à l´ingérence des puissances occidentales. Abondant dans le même ordre d´idées, le Dr Makhlouf Aouli a relevé que le Monde arabe compte des sociétés constamment réprimées et dévastées par des régimes autoritaires, voire totalitaires comme en Syrie. Selon lui, ces dysfonctionnements politico-économiques sont pour le moins révélateurs, aujourd´hui, de la lassitude des sociétés arabes, reléguées en marge des changements politiques, économiques. Dans la même logique s´inscrit l´intervention du général-major à la retraite, Medjahed Abdelaziz. «La combinaison de ces problèmes économiques et politiques a laissé pendant des dizaines d´années, se maintenir le sentiment que le Maghreb et le Machrek étaient condamnés soit à vivre dans l´autocratie et la dictature, soit dans le désordre et l´instabilité chronique», a estimé le général. S´agissant des alliances régionales susceptibles de faire face à des dangers extérieurs, le Dr Makddadi, membre du Conseil consultatif arabe, fera remarquer que le Monde arabe est en butte à l´illégitimité de ses structures, qui sont en partie sous la «direction» des Etats-Unis et de l´Europe. A ce sujet, il ne manquera pas de citer l´exemple de la Ligue arabe. En tant qu´organisation intergouvernementale régionale, le plus ancien regroupement des Etats arabes, créé par les Britanniques, la Ligue arabe «a été créée non pas pour l´intérêt des Etats arabes mais pour contrôler ces mêmes Etats». Certes, a-t-il fulminé, sa création se veut, à l´époque, une réponse aux aspirations des jeunes Etats arabes indépendants, mais rien ne s´est traduit dans ce sens. Dans le même contexte, Nourdine Amrani a noté que «les Etats arabes doivent comprendre leur union, au-delà de toutes leurs frontières et à travers des institutions crédibles, assurer leur équilibre mondial, en jouant leur rôle sur l´échiquier international». Par ailleurs, il a fait savoir qu´il y a absence de solidarité entre les pays arabes. Il a ainsi souligné qu´il y a des de profondes contradictions stratégiques entre eux. Il est revenu sur les alliances entre les Arabes dont la crédibilité, selon lui, est vidée de sa substance. Incontestablement, le Monde arabe vit en marge de l´Histoire et en marge de l´évolution démocratique qui a marqué la fin de la Guerre froide et des «démocraties populaires». Il est aussi resté en marge des révolutions des peuples et des transitions démocratiques, survenues à la fin du XXe siècle. Des révolutions qui avaient renversé les régimes militaires et dictatoriaux en Amérique latine et en Europe de l´Est.