Il peut être transféré vers le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à La Haye pour répondre de génocide, a décidé hier une juge serbe. «Il a été établi que le général Ratko Mladic était physiquement apte à suivre l´audience, il a refusé de recevoir l´acte d´accusation du TPIY et nous avons ensuite décidé que les conditions pour son transfèrement étaient remplies», a déclaré à la presse la juge Maja Kovacevic. Elle a ajouté qu´un rapport médical «précisait qu´il était physiquement apte à suivre les audiences en dépit du fait qu´il souffre de plusieurs maladies chroniques». «Nous déposerons une plainte lundi matin (...) Le juge d´instruction estime qu´il (Ratko Mladic) est apte à suivre les audiences. Personnellement je pense qu´il ne l´est pas», a déclaré son avocat Me Saljic à la presse. Si cet appel est effectivement interjeté, un panel de trois juges disposera de trois jours pour l´examiner. Peu avant l´audience, le fils de Ratko Mladic, Darko avait indiqué à la presse que son père se considérait comme «non coupable» et que son état de santé ne permettait pas son transfèrement devant la justice internationale. L´audition de Mladic, 69 ans, avait dû être interrompue jeudi car il «devait prendre un médicament», a indiqué Bruno Vekaric, le porte-parole du Tribunal serbe pour les crimes de guerre sur la chaîne de télévision publique RTS. Mladic était furtivement apparu devant les caméras jeudi, vieilli, affaibli et se déplaçant avec difficulté, n´ayant plus grand chose à voir avec le «boucher des Balkans» des années 1990. Pour d´autres cependant, Ratko Mladic est parfaitement en mesure de communiquer avec ses interlocuteurs. «Il y a de la folie dans son regard», a déclaré une source proche du Tribunal pour les crimes de guerre, tout en soulignant qu´ «il serait envoyé à la Haye même s´il est fou». Le TPIY a inculpé Ratko Mladic pour génocide pour son rôle lors du massacre de Srebrenica, le plus important en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. 8000 hommes et adolescents musulmans de Bosnie furent tués par les forces serbes de Bosnie en juillet 1995. Il devra aussi répondre de son inculpation pour le siège de Sarajevo, qualifié d´«enfer médiéval» par le TPIY. La Russie a appelé hier à ce qu´il bénéficie d´un «procès impartial». Les premières précisions sur les circonstances de l´arrestation de Mladic, jeudi à l´aube à Lazarevo, village du nord-est de la Serbie, ont commencé à filtrer hier. Mladic se trouvait dans la maison de l´un de ses cousins et l´opération est le fruit de la coopération des services de sécurité serbe (BIA) et de l´équipe chargée de la traque de l´ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, selon le quotidien Blic. «Il n´a offert aucune résistance. A la différence de Radovan Karadzic, il ne s´est pas masqué, n´a tenté à aucun moment de dissimuler son identité», explique une source anonyme citée par le journal. «Il était seul au moment de son arrestation (...) entouré uniquement de ses cousins. Aucun de ses soldats n´était avec lui», a ajouté cette source. Selon un voisin cité par Vecernje novosti, Mladic était dans sa chambre, en pyjama, au moment de l´arrestation. Deux quotidiens serbes ont diffusé vendredi en première page un portrait de face de Ratko Mladic, vieilli et amaigri, les tempes blanchies sous une casquette de base-ball bleue. Aucune indication n´a filtré sur la durée du séjour de Ratko Mladic à Lazarevo. Il échappait à la justice internationale depuis 16 ans. Son arrestation, saluée comme une victoire pour la justice internationale par nombre de responsables internationaux, a donné lieu jeudi à de petites manifestations d´ultra-nationalistes à Belgrade et Novi Sad.