La ville de Homs prise entre les manifestants et l'encerclement de l'armée Le régime syrien dénonce un «retour au colonialisme», et poursuit la répression Trois civils ont été tués, hier, par des tirs des forces de sécurité syriennes dans la ville de Talbisseh, près de Homs (centre), encerclée depuis dimanche par l´armée, a affirmé un militant sous le couvert de l´anonymat. Depuis dimanche à l´aube, des dizaines de chars encerclent Rastan et Talbisseh ainsi que le village de Teir Maaleh, pour mater la contestation dans ces régions proches de Homs, troisième ville du pays à 160 km au nord de Damas. Selon un militant des droits de l´homme, onze civils, dont une fillette, ont été tués dimanche à Rastan et Talbisseh ainsi qu´à Homs. «Les perquisitions se sont poursuivies, hier, dans cette région, notamment à Talbisseh», a ajouté ce militant sous couvert de l´anonymat indiquant que «des blessés ont été hospitalisés à Hama» car les routes menant à Homs ont été coupées par les forces de l´ordre. Ne voulant pas céder aux pressions, nationales soient-elles, où internationales, le régime d´Al Assad continue à réprimer l´opposition à l´intérieur du pays et à ignorer les condamnations de l´opinion publique internationale. En réprimant sans état d´âme la population, sans se soucier du nombre de victimes - qui auraient dépassé les 1100 personnes tuées depuis le début de la contestation - la Syrie s´attire la foudre de l´Occident. Ainsi, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne haussent le ton envers Damas et cherchent à condamner le pays à l´ONU pour sa répression des manifestations. Un projet de résolution condamnant la répression en Syrie, a d´ailleurs été soumis jeudi dernier au Conseil de sécurité. Rédigé par la France, la Grande-Bretagne, l´Allemagne et le Portugal, il condamne la violence du régime du président Bachar Al Assad et lui demande d´ouvrir les villes syriennes à des équipes humanitaires. Mais la Russie a fermement écarté vendredi toute étude, au Conseil de sécurité, de ce projet de résolution. Américains et Européens ont déjà pris des sanctions contre le régime syrien et le président Al Assad lui-même, sans toutefois envisager d´intervention dans ce pays dont la déstabilisation aurait des répercussions dans toute la région. En réponse à ces mises en garde des occidentaux, le régime syrien a accusé hier, Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne de vouloir un «retour au colonialisme» en cherchant à faire condamner le pays à l´ONU pour sa répression des manifestations. Pour sa part, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Meqdad a accusé les grandes puissances occidentales, Etats-Unis et France en tête, de vouloir «un retour de la colonisation» en Syrie, selon l´agence officielle Sana. M.Meqdad a ainsi dénoncé les tentatives des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne au Conseil de sécurité de l´ONU pour condamner la Syrie. «Il s´agit d´imposer leur hégémonie sur la Syrie et d´utiliser l´ONU comme un moyen pour rétablir le colonialisme et justifier les ingérences», a dit M.Meqdad. De son côté, le haut-commissaire de l´ONU aux droits de l´homme, Navi Pillay, a dénoncé devant les 47 Etats membres du Conseil des droits de l´homme la «brutalité» de la répression en Syrie. Elle a, à nouveau, appelé Damas à laisser entrer sur le territoire syrien une mission onusienne chargée d´enquêter sur les violations des droits de l´homme lors de la répression de la révolte populaire. Son rapport préliminaire doit être présenté le 15 juin. Confronté à un mouvement de contestation sans précédent depuis le 15 mars, le régime du président Bachar Al-Assad y a répondu par une répression sanglante qui a fait au moins 1100 civils tués, selon des groupes des droits de l´homme. Parallèlement Al Assad a annoncé des réformes politiques qui ont été rejetées par l´opposition. L´opposition exige au préalable l´arrêt du recours à la force, la levée du siège des villes et l´autorisation de manifester.