Ce tsunami blanc qui a déferlé dans les rues de la capitale représente quelque milliers de résidents Trois résidents ont été interpellés par la police et ils n'étaient pas encore relâchés en fin de journée. Ils l´ont fait! Les résidents en sciences médicales sont parvenus à marcher dans les rues de la capitale. «Nous avons réussi à le faire. Nous avons marché», criait fièrement le Dr Sid Ali Merouane, porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Ce tsunami blanc qui a déferlé dans les rues de la capitale représente quelque milliers de résidents en médecine, pharmacie et chirurgie dentaire qui ont répondu à l´appel du Camra pour tenir un sit-in national au sein du CHU Mustapha-Pacha d´Alger. Voyant le nombre important de résidents présents, les délégués ont dès lors décidé d´improviser une marche qui a débuté à l´intérieur même de l´hôpital, avant de la prolonger vers les artères de la capitale. «On a essayé de sortir de l´hôpital, mais les forces de l´ordre se sont rassemblées devant la porte pour nous empêcher de sortir», raconte le Dr Merouane. «On a donc essayé de forcer le cordon de sécurité. Malheureusement, on a été violemment réprimés, ils nous ont tabassés, ils sont allés même jusqu´à piétiner les médecins qui étaient assis parterre», ajoute-t-il d´un air indigné. Beau geste des étudiants en chirurgie dentaire Les futurs dentistes ont mis de côté la grève à l´occasion de la Journée mondiale de l´enfant, pour essayer de redonner le sourire aux enfants hospitalisés. Ils se sont en effet illustrés avec un geste des plus louables en cotisant avec l´aide de leurs professeurs pour acheter des cadeaux aux jeunes malades. Ces cadeaux, ils les ont distribués au niveau du Centre Pierre et Marie Curie de l´hôpital Mustapha-Pacha et le service de médecine infantile. Dans une ambiance bon enfant, les étudiants en chirurgie dentaire se sont prêtés au jeu, en se déguisant pour cette distribution. Ils ont également organisé des spectacles, pièces de théâtre, sketch qu´ils ont eux-mêmes animés et ont projeté aux jeunes malades des dessins animés. Les organisateurs de cet événement ont refusé de faire des déclarations, se contentant de dire que «c´est une initiative privée, on ne veut donc pas de pub»... «Des collègues ont été blessés, des fractures ont été enregistrées même les filles n´ont pas été épargnées», dénonce le Dr Merouane. Après cette bastonnade, un jeu du chat et de la souris s´en est suivi. «On s´est scindés en 3 groupes, un qui a été bloqué dans l´enceinte de l´hôpital, le second a réussi à sortir mais a été cantonné à la place 1er-Mai, alors que le troisième a réussi à marcher sur le boulevard Hassiba Ben Bouali, jusqu´à l´APN», dit-il. «Ceux qui ont réussi à marcher se sont rassemblés devant l´APN, avant qu´une délégation composée de 4 personnes ne soit reçue par Ziari», affirme-t-il. Au même moment, c´est-à-dire pendant que les quatre délégués étaient reçus par Ziari, un quatrième groupe, plus radical, s´est formé au niveau de l´avenue de l´Indépendance, la circulation dans la capitale a donc été paralysée. «Le quatrième groupe a bloqué la rue menant vers Addis-Abeba, pour protester contre les violences policières qu´ils ont subies à chaque rassemblement, mais également pour répondre au Premier ministre qui ne nous a pas encore compris», peste le Dr Merouane. «Les propos du Premier ministre nous ont blessés, on est des médecins, on a choisi ce métier par conviction donc on est conscients du devoir qu´on a envers la population. On n´a donc pas besoin de leçon de déontologie», assure-t-il. Cependant, il estime que «le Premier ministre n´a pas compris qu´on ne demande pas l´annulation du service civil en lui-même, mais son obligation». Il insiste également sur le fait que cette annulation doit être accompagnée par des mesures incitatives qui pousseront les médecins à s´installer définitivement et faire carrière dans les zones reculées du Sud et des Hauts-Plateaux. Même constat fait par son collègue, le Dr Mohamed Amine Sahnoun. «On est tous des Algériens, sous l´obligation on ne pourra jamais améliorer la prise en charge des malades», dit-il. «Je ne vais pas dire que tous les autres Algériens ont été formés gratuitement comme les médecins, je ne vais pas dire que notre formation est effectuée dans une période qui représente le double des autres, on est formé pendant 12 ans alors que eux en 4 ans, je ne vais pas dire pourquoi nous sommes obligés de payer plus que les autres. Je vais juste dire une chose: on est d´accord pour payer la dette mais donnez-nous les moyens...», crie-t-il. Pour ce qui est des rumeurs concernant l´année blanche, le Dr Sahnoun répond: «Si les ministres déclarent l´année blanche, on sera les plus heureux pour cela on fera une année de formation en plus. Par contre, tout le système de formation sera perturbé. Il n´y aura pas de résident en 1re année, le concours de résidanat sera bloqué, les nominations des assistants aussi. De ce fait, les affectations au Sud seront également annulées, c´est une arme qui se retournera incontestablement contre eux.» Avec cette marche, les résidents ont donc décidé de défier le gouvernement qui a appelé à plus de sagesse.