Dès que les scientifiques impliqués dans l'enquête avaient écarté l'hypothèse d'une contamination naturelle en Floride et cédant à la panique, les Américains se sont montrés moins confiants dans les discours «rassurants» de leur Administration. Dans l'Etat de Floride, les plages, les centres commerciaux et les restaurants, habituellement archicombles, ont été désertés par les amoureux de Miami Beach. Au même moment, l'antibiotique «Gripo», contre la maladie du charbon, s'arrache dans les pharmacies. La crainte d'une attaque bioterroriste a pris tellement d'ampleur que l'Etat de Floride prend les allures d'une superproduction hollywoodienne: un nombre impressionnant de personnes circulent avec des masques à gaz. A New York, l'annonce de la contamination d'une employée de la NBC dont le siège central se trouve à Manhattan, a provoqué une panique générale dans les milieux des médias new-yorkais. Le maire a réagi à la dernière contamination par une conférence de presse. Rudolf Giuliani a révélé qu'«une autre lettre contenant une poudre suspecte avait été reçue vendredi matin (hier matin Ndlr) par le New York Times.», confirmant ainsi, les soupçons du FBI qui sont renforcés par des chercheurs en biologie. Ces derniers ont indiqué que l'anthrax a bien été produit ou manipulé en laboratoire. Pour preuve, les résultats des prélèvements effectués sur les contaminés dans les bureaux de Boca Raton (Floride), qui abritent le siège du groupe de presse AMI, ont été catégoriques : la bactérie du charbon n'est pas d'origine naturelle. Cet état de fait a été la cause de scènes de panique dans 11 Etats à la suite de fausses alertes à l'anthrax. Une équipe de spécialistes dans des produits dangereux s'est rendue au département américain à Washington, après la découverte d'une poudre blanche d'origine indéterminée dans une pièce du sixième étage du bâtiment. La vigilance prend une dimension fédérale, voire internationale. Le département d'Etat américain a instruit toutes ses représentations diplomatiques à l'étranger pour le stockage d'antibiotiques contre la maladie de charbon. Une précaution rendue nécessaire pour faire face à une éventuelle attaque chimique ou biologique. Rappelons, enfin, que la bactérie anthrax, figure dans certains arsenaux militaires tel celui de l'armée sud-africaine.