Dans l'Apocalypse de Saint-Jean, n'est-il pas prédit la fin du monde sous les coups mortels de la Guerre, de la Famine et de la Maladie? Le commandant du porte-avions «USS Enterprise», croisant dans l'océan Indien, a appelé les quelque 5500 membres d'équipage à faire preuve de vigilance en ouvrant leur courrier pour éviter une contamination par la bactérie du charbon. En dix jours, les Etats-Unis ont annoncé quatre cas de contamination par cette maladie, trois en Floride et un à New York. Le patient zéro, Robert Stevens, un photographe dans un journal en Floride, est décédé vendredi dernier. Richard Cheney, le vice-président américain, a déclaré vendredi soir sur la télévision publique PBS, que «le plus sage est de considérer que ces faits sont liés aux attaques du 11 septembre». Une déclaration qui vient contredire l'avis des enquêteurs du FBI qui avaient écarté toute relation entre ces quatre cas de fièvre charboneuse et les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone le 11 septembre. Aussi, les paroles de Cheney tranchent, bizarrement, avec la prudence affichée par les autorités médicales américaines. Le numéro deux du centre de contrôle des maladies, situé à Atlanta, David Fleming, avait souligné que les éléments dont disposent ces médecins, biologistes et épidémiologistes sont minces et que cela les oblige à être «très prudents dans l'interprétation». L'Europe, à son tour, s'est vu happée par la tornade de la psychose. La Repubblica, journal italien, a annoncé que «les intégristes» arrêtés mercredi dernier à Milan, préparaient des attaques chimiques ciblant la France. Dans ce dernier pays, le ministre de la Santé, Bernard Kouchner a tenté de rassurer la population en indiquant que la France dispose actuellement d'un stock de près de cinq millions de doses de vaccins antivarioliques. Le gouvernement indien, à quelques milliers de kilomètres de l'Europe, mais tout aussi proche de l'Afghanistan, a demandé aux hôpitaux de commencer à stocker les antivirus et autres médicaments de même nature. Le cercle de la psychose s'étend maintenant de plus en plus. C'est déjà là une première victoire des terroristes. Selon un médecin spécialiste en épidémiologie à l'hôpital Mustapha-Bacha, la maladie du charbon avait sévi au début du XXe siècle, décimant des troupeaux entiers. En effet, cette maladie infectieuse, appelée aussi bacillus anthracis, est particulièrement présente parmi les herbivores domestiques comme les chèvres, les chevaux et les moutons. C'est le fourrage qui est utilisé pour leur alimentation qui est contaminé. Chez les herbivores, la maladie est grave et entraîne une forte mortalité. Les pays les plus touchés sont la Turquie, le Pakistan et le Soudan. Observée dans une porcherie de la partie nord du Pays de Galles en 1989, la maladie du charbon a entraîné l'abattage et l'incinération d'environ 4500 cochons. Et si cette maladie figure toujours sur la liste des maladies à déclarations obligatoires en Algérie, la spécialiste a affirmé que, durant toute sa carrière et lors de ses longues études, elle n'a jamais rencontré de cas humains de maladie du charbon. Pour rappel, le germe chez l'homme provoque quatre variétés de maladie du charbon : cutané, pulmonaire, gastro-intestinal et oropharyngé