La ministre française des Finances, Christine Lagarde n´a pas obtenu de soutien public de la part de l´Inde lors de sa visite éclair hier à New Delhi dans le cadre de sa tournée dans les pays émergents pour plaider sa candidature à la tête du Fonds monétaire international (FMI). Elle a successivement rencontré le Premier ministre, Manmohan Singh, le ministre des Finances, Pranab Mukherjee, et le président de la Commission au plan, Montek Singh Ahluwalia. En dépit d´un déjeuner «excellent avec (son) bon ami» Pranab Mukherjee révélant «les profondes relations entre la France et l´Inde», selon les propos de Mme Lagarde, celle qui est considérée comme grande favorite n´a toutefois pas obtenu de franc soutien public à sa candidature. «La sélection du directeur général du FMI ou de la Banque mondiale devrait se faire sur la base du mérite, de la compétence et de façon transparente», a déclaré Pranab Mukherjee à la presse. Après s´être rendue à Brasilia où elle s´est engagée à donner plus de poids aux pays émergents si elle était élue à la tête de l´institution financière, Christine Lagarde a voulu poursuivre son opération séduction dans un autre pays membre du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Ce groupe, ainsi que d´autres pays en développement, réclame un changement au FMI, critiquant la règle tacite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale selon laquelle sa présidence échoit à un Européen et celle de la Banque mondiale à un Américain. Ces pays n´ont toutefois pu se mettre d´accord sur une candidature commune, mais le ministre indien des Finances a déclaré que les discussions étaient toujours en cours. «Nous travaillons avec plusieurs autres pays, en particulier avec le groupe des Brics. Il est impossible de dire s´il y aura un candidat commun», a déclaré M.Mukherjee. Selon Brahma Chellaney, du groupe de réflexion indépendant Centre for Policy Research à New Delhi, «l´Inde va vouloir voir si le candidat mexicain est un concurrent crédible. Elle se couvre prudemment et ne prend pas position». Mme Lagarde compte deux rivaux déclarés, le directeur de la Banque centrale du Mexique, Agustin Carstens, et celui de la Banque centrale kazakhe, Grigori Martchenko. «Il doit y avoir un large consensus. L´Inde souhaite participer à ce consensus», a ajouté M.Mukherjee. L´Inde, qui s´est jusqu´à présent refusée à soutenir publiquement un candidat, semble toutefois envisager l´éventualité que l´Europe garde la mainmise. Le Premier ministre, Manmohan Singh, a ainsi affirmé la semaine dernière que New Delhi voulait que le meilleur candidat, «indépendamment de sa nationalité», soit nommé à la tête de l´organisation internationale. Mme Lagarde postule à la succession de son compatriote Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné après avoir été accusé du viol d´une femme de chambre d´hôtel à New York. Selon Uday Bhaskar, du groupe de réflexion National Maritime Foundation, «même si la position traditionnelle de l´Inde est de dire que le FMI ne devrait pas être toujours dirigé par un Européen, il est très peu probable que l´Inde, ou tout autre pays d´Asie, présente un candidat», relève-t-il. Pour M.Chellaney, l´Inde regarde aussi attentivement le comportement de la Chine, son rival économique dans la région, pour savoir si l´autre poids lourd asiatique s´alignera sur la position des Brics ou fera cavalier seul. Mme Lagarde poursuivra sa tournée par une visite en Chine où elle est attendue aujourd´hui.