En giflant un gamin, Sofiane M. ignorait qu´un coup de couteau à la cuisse allait lui coûter un... pied, amputé par peur de gangrène... L´accusé de coups et blessures volontaires ayant entraîné l´amputation d´un membre inférieur est calme. Il était debout face à Rabéa Benamrane, la présidente du tribunal criminel d´Alger et flanqué de son avocat, Maître Nassima Aïd derrière laquelle l´avocat de la partie civile, Maître Youssef Chekirou feuilletait déjà le dossier. D´emblée, la juge déplore cette situation en regrettant que l´accusé soit à ce stade de statut d´accusé de coups et blessures volontaires à l´aide d´une arme blanche ayant entraîné l´amputation d´un pied. «Vous auriez pu vous serrer la main et vous séparer comme si la gifle n´avait jamais été donnée» commente, le regard clair, Benamrane qui venait de renvoyer deux affaires criminelles à cause de l´absence des avocats des accusés. Et le renvoi l´a été pour le 12 juin 2011. L´accusé reprend les mêmes mots que la juge qui passe à la maman de la victime, témoin. Vous l´aurez sans doute deviné, le témoignage ménagera son regretté enfant. Elle s´exprime bien avec les mains et d´une voix portante, sûre, claire et sans accrocs! Selon la maman, le papa était aussi présent lors de la rixe en précisant que «mes enfants sont réputés comme n´étant pas des enfants à histoires.» Continuant sur la séparation des deux antagonistes, elle dira la stupeur d´avoir vu de là où elle était un jeune portant une épée dont la lame luisait. Quelques instants après, l´accusé était revenu en serrant quelque chose contre sa poitrine. «J´ai trouvé cela louche et j´ai eu froid dans le dos. Je pressentais une catastrophe», raconte-t-elle, se gardant de se lâcher en disant qu´une voisine avait crié: «Oh! mon Dieu, je crois qu´il l´a tué!» et de continuer: «j´ai couru et en arrivant, j´ai découvert du sang et la mort qui planait dans le regard de mon fils et heureusement que la mort n´était pas au rendez-vous, et si je peux le dire, mon fils est handicapé et invalide à vie!» Elle est vite remerciée et c´est le papa qui est entendu pour dire juste ce qu´il a vu. Et comme il n´avait pas assisté aux coups et blessures, il est rapidement libéré. Le troisième témoin, celui-là même qui les avait séparés lors de la première bagarre, tente de se remémorer les fait tels quels. «Rida voulait agresser Abdelghani. Je me suis interposé et je suis reparti. Plus tard, j´ai appris le crime et ses conséquences», avait-il déclaré Benamrane lit un passage du témoignage de Hafida qui aurait déclaré que l´accusé s´était énorgueuilli d´avoir puni celui-là même qui se vantait d´avoir sur lui une résidence outre-Méditerranée. Plaidant pour la partie civile, Maître Chekirou va à la limite de l´exagération: «Il a visé le coeur de la fille qui se trouvait sur les lieux mais il n´a heureusement touché que l´avant-bras avant qu´il ne blesse grièvement à la cuisse la victime qui n´avait rien contre son agresseur», s´était exclamé l´avocat de Hussein Dey qui a tenu à préciser que le blessé et l´accusé n´avaient aucun compte à régler. Nouredine Lasnami, le procureur général se lève et va mettre son métier au service du ministère public qu´il veut représenter dignement, i-e- simplement. «La franchise de l´accusé et les déclarations faites durant l´enquête préliminaire jouent peut-être en sa faveur, mais il demeure coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné l´amputation d´un membre inférieur. Revenant sur les témoignages, l´accusé portait la lame et a donné les coups par derrière. Djaâfar Derkouche, le greffier de l´audience, transcrit les «huit ans d´emprisonnement ferme» demandés par le ministère public selon la loi sur ce crime. Samia Bouachioune et Fatma-Zohra Harissa, les deux conseillères et les deux jurés assistent au mieux la superbe Benamrane qui ne perd pas de temps. Prenant en charge ses responsabilités, Maître Nassima Aïd, se dit heureuse de féliciter l´accusé qui est venu reconnaître son crime. Il l´a dit. Résidant dans un quartier populaire, l´accusé ne pouvait avoir que le comportement de l´environnement dans lequel il évolue. Arrivant au contenu scientifique du certificat médical, précisant que l´opération de «réparation» vasculaire avait été réalisée avec succès, mais dit-elle, «hélas, le médicament postopératoire a fait que le sang a coagulé et formé un abcès qui a mal tourné et a laissé le chirurgien prendre le chemin de l´amputation d´un membre inférieur. Effectuant une bienvenue comparaison avec la césarienne qui voit la patiente bénéficier d´un médicament facilitant la circulation sanguine, Maître Aïd arrive à l´erreur médicale qui a fait que la victime a laissé en chemin le membre inférieur. Avant de lever l´audience pour délibérer vingt minutes, Rabéa Benam-rane évoque le casier de l´accusé qui a eu le mauvais réflexe de battre un gamin qui a vu l´aîné intervenir, se fâcher, renoncer à la bagarre avant de voir Soufiane M.brandir un couteau, blesser fâcheusement Abdelaziz M., âgé aujourd´hui de 26 ans, donc 21 au moment des faits qui verront une lame être plantée dans la cuisse avant que le sang ne coagule dans les veines, ce qui vaudra un déplacement en France et l´amputation du pied. La maman de la victime qui a assuré avoir tout vu s´est finalement dite heureuse que son fils soit vivant. En tout cas, le tribunal criminel reviendra avec huit ans dans l´escarcelle des juges qui n´ont pas accordé de circonstances atténuantes. Maître Nassima Aïd, elle, a quitté la cour en compagnie de Maître Chekirou...