Ahmed Moussouni, 50 ans, risque cinq ans de réclusion criminelle pour une ablation de la rate de son voisin. Deux avocats le soutiennent. Mezdour préside les débats haut la main... Pour avoir donné des coups et blessures volontaires à l´aide d´un manche à balai, ayant occasionné l´ablation de la rate, Ahmed passe devant le tribunal criminel de Blida. Le " 264 " alinéa " 3 " a été retenu. Des débats, il est apparu qu´une querelle s´est transformée en rixe. L´accusé plaidera la provocation, cette excuse que reprendront plus tard Maîtres Morsli Jr Amine et Djamel Boulfrad, ses deux défenseurs qui s´étaient monté une stratégie de défense sans faille, pour atteindre deux résultats : Anéantir le rude réquisitoire de Zarg Erras, le PG qui n´a fait que son métier. Faire libérer le soir même leur client dont le moral était au plus bas. Omar Mezdour, le président du tribunal criminel, entouré de Rahim et Boublata, a dominé les débats de la tête et des épaules. Mieux, il a permis à toutes les parties de s´exprimer librement, surtout l´accusé qui avait sur le coeur, les lèvres et dans le regard, tous les supplices que peut faire naître la provocation. Il a presque hurlé sa douleur tout en regrettant son malheureux geste. "J´aurais tout de même dû me contrôler et ne pas céder à mes pulsions nées d´une légitime colère ", s´est-il lamenté à un moment donné de l´audience, surtout lorsque Me Amine Morsli avait rappelé que la victime qui était dans un état d´ivresse manifeste avait brisé une bouteille de vin, couru derrière le gamin de l´accusé pour lui faire mal. "Il vous l´a dit. Il a reconnu ". Me Boulfrad continue sur sa lancée pour demander aux membres du tribunal criminel de prendre en considération le fait que les blessures et les coups ont été provoqués par des coups sont excusables, s´ ils ont été provoqués par des coups ou violences graves envers les personnes, tout comme pour le meurtre. "Ce n´est pas moi qui l´ai inventé, c´est l´article 277 du code pénal ", siffle le conseil du commerçant à bout de souffle depuis le box où il est installé depuis 9 heures du matin. Il était 11h45 lorsque le PG fait son réquisitoire à la " tronçonneuse " sans état d´âme et sans autre forme de... " procès " : "Cinq ans de réclusion criminelle le feront réfléchir, la prochaine fois qu´il s´empare d´un manche à balai et qu´il est énervé pour n´importe quelle cause ". Auparavant, la victime à travers son avocat, Me Amel Saoudi, avait réclamé deux cent millions de centimes à titre de dommages et intérêts. Med Boughlef faisait la tête de victime, évidemment. Les deux avocats plaideront par une mise en scène qui fait plaisir. C´est le jeune conseil de Sidi Aïd qui entame sur les chapeaux de roues la première plaidoirie. "Ce qui fait certainement plaisir aux membres du tribunal criminel, c´est que l´accusé Ahmed a reconnu les faits. Il a fait économiser son temps au tribunal ", a martelé Me Amine Morsli qui a fait une courte halte autour du rapport d´expertise qui a été bel et bien occasionné par des circonstances atténuantes. Lui succédant, Me Boulfrad prend d´emblée à la gorge le rapport d´expertise et ses conclusions qui demeurent un bon moyen d´instruction. "Résultat? L´éventualité d´une petite anémie pouvait avoir causé l´ablation de la rate de la victime. Sur ce, la défense réclame une peine de prison assortie du sursis, surtout que l´accusé a déjà purgé onze mois de détention. Nous estimons qu´il a assez payé sa vendetta ", conclut le défenseur qui sera heureux tout comme son jeune confrère et aussi à la suite des trois ans assortis du sursis. La maman de Ahmed jubile. Cent millions de dommages ont été accordés à la victime.